L'ivoire et les défenses d'éléphant, objets de puissance

 

Dès le paléolithique, l’ivoire des mammouths chassés par les hommes constituait un matériau noble pour pouvoir sculpter des statuettes ou autres objets d’art. Les premiers hommes reconnaissaient des vertus particulières aux objets de croyance ou aux armes réalisés à partir d’éléments d’origine animale. Un poignard en ivoire renforçait la confiance dans l’efficacité de l’arme car il était constitué par l’ADN même du mammouth, considéré comme l’animal suprême.

De nos jours, ce sont toujours ces mêmes symboles qui attisent la demande augmentant la pression du braconnage sur l'espèce.

 

 

Les défenses d'éléphant, le trophée de chasse ultime

 

Plus récemment, à l’époque de la colonisation, l’ivoire des défenses d’éléphants représentait le trophée de prédilection des chasseurs occidentaux d’Afrique. Des millions de pachydermes ont été sacrifiés pour permettre aux riches chasseurs et collectionneurs de posséder ces souvenirs ou ces représentations. Car les défenses étaient laissées « naturelles » pour les chasseurs, ou bien sculptées pour les transformer en véritable objet d’art.

 

Utilisations de l'ivoire

 

Pendant des centaines d’années, l’ivoire des défenses a aussi été utilisé pour fabriquer les boules de billard. Pour des grosses défenses, de six à huit boules étaient obtenues par tournage. Ce n’est malheureusement que très récemment que les boules ont été remplacées par des matériaux de substitution.

Les facteurs de piano ont également utilisé pendant très longtemps de l’ivoire pour recouvrir la cinquantaine de touches blanches de chaque instrument. Là encore, des mesures ont été prises pour lutter contre le trafic d’ivoire et également d’ébène car ce bois exotique recouvrait les touches noires du piano.

N’oublions pas aussi tous les objets précieux : couteaux de table, coupe-lettres, supports de couteaux, ronds de serviette, …en ivoire, ainsi que les manches de certains couteaux d’apparat ou de cannes célèbres au début du XXème siècle ; l’ivoire constituait un must sur les différents objets portés.

sculpture fabriquée en ivoire

manche de couteau en ivoire

 

L’ivoire a fasciné de nombreux manufacturiers pendant des siècles, et ce quelle que soit l’origine géographique de ces fabricants.

Des quantités considérables d’ivoire étaient achetées aux chasseurs d’ivoire. Les « ivory hunters », comme par exemple le fameux Denys Finch Hatton héros de Out of Africa, étaient des pourvoyeurs importants pour tous les fabricants mondiaux.

Ces objets n’ont pas tous disparu et il en reste encore de nombreux dans les familles de collectionneurs ou de personnes qui ont eu l’occasion de voyager ou de vivre en Afrique. Le commerce est désormais interdit dans la plupart des pays du monde. Certaines organisations invitent même les particuliers à céder leur ivoire (qu’il s’agisse de défenses ou d’objets de décoration) afin de les détruire.

Ce qui est important, c’est surtout de pouvoir stopper net la demande d’ivoire dans le monde. Les occidentaux ne sont plus à la recherche d’ivoire, hormis peut-être pour certains collectionneurs qui recherchent les très vieux objets. En revanche, ce n'est pas le cas des pays du Golfe et d’Asie, leur intérêt pour le précieux matériau reste entier. Encore une fois, c’est toute la symbolique autour de l'ivoire qui fait gonfler la demande.

 

Prix de l'ivoire : la stratégie des braconniers pour le faire grimper

 

Un phénomène qu’il faut dénoncer :

Quand on compare le prix d’une corne de rhinocéros sur la marché noir (entre 50 000 et 60 000 dollars US le kilo) et celui de l’ivoire d’éléphant (entre 800 et 1 000 euros le kilo), il est évident que l’ivoire ne semble pas être un produit très recherché.

L’idée de certains trafiquants aujourd’hui est la suivante :

Exterminer les populations d’éléphants de manière à éradiquer l'espèce de la surface de la terre. Le besoin d’ivoire ferait exploser la demande et par incidence le prix qui pourrait alors avoisiner celui de la corne de rhinocéros.

Ce scénario extrême et pourtant crédible peut être évité si toutes les organisations se mobilisent pour agir sur le terrain et défendre les éléphants d’Afrique.