Promouvoir le métier de Ranger

Les opérations conduites jusqu’à présent ont permis de prendre en charge la formation et le suivi de plus de 200 rangers. Notre mode opératoire permet de répondre aux besoins du terrain de la manière la plus adaptée possible. Pour cela, chaque mission commence par un audit.
Cet état des lieux indispensable nous apporte une vision précise de la zone à protéger. Nous étudions l’existant, la nature des différentes menaces. Nous mesurons l’implication des autorités gouvernementales et locales dans le projet, ce qui a déjà été entrepris, l’équipement et les méthodes des rangers, la situation des différentes espèces pour bien appréhender celles qui sont en danger.
C’est en fonction de la cartographie que nous établissons et des préconisations réalistes que nous faisons aux parties prenantes concernées qu’est prise la décision de mettre - ou de ne pas mettre - en place une mission organisée par Wildlife Angel.

Les étapes de la formation

Organisation

Compte tenu des objectifs fixés par les autorités et du niveau de menace, il arrive souvent que l’organisation qui a été choisie sur place n’est pas la plus optimale. Nous élaborons ensemble le design de l’organisation la plus efficiente.

Formation

L’audit a souligné des besoins de professionnalisation sur certains types de compétences chez les rangers. Les modules de formation sont réalisés sur-mesure de manière à accompagner l’évolution des savoirs et savoir-faire chez les participants.

Équipement

Très souvent, les rangers travaillent depuis des années sans un équipement adapté. Nous leur apportons du matériel et des équipements avec lesquels ils vont d’abord se familiariser lors des sessions de formation et qu’ils vont utiliser ensuite, sur le terrain, pour être mieux protégés.

Suivi

Le suivi est un élément déterminant de notre dispositif. Il s’appuie sur deux axes majeurs. Le premier est la mise en place d’un calendrier de retour de nos opérateurs afin qu’ils mesurent clairement comment les rangers ont traduit en comportement opérationnel les acquis de la formation. Le second est encore plus déterminant. Il consiste en la sélection de formateurs locaux qui seront les garants de la pérennité de notre action.

Le parcours métier du ranger


La protection de la biodiversité doit être confiée à des professionnels dont c’est le métier. Pour s’appuyer sur une force professionnelle, il est indispensable de bâtir un métier avec un véritable référentiel de compétences et un parcours adapté pour pouvoir évoluer. Cette démarche ambitieuse ne pourra se faire qu’avec l’implication forte des États concernés par l’avenir de leurs écosystèmes. C’est de cette volonté farouche d’obtenir des résultats tangibles, de rechercher l’efficience sur le terrain, que nous sommes partis pour jeter les bases, les fondations d’un métier noble et porteur d’espoir.
Nous avons proposé un parcours métier-type à différents gouvernements d’Afrique de l’Ouest ; il a été accueilli avec beaucoup d’intérêt. Sa progressivité permet de l’adapter aux contraintes du métier.

1. La dimension opérationnelle

La première phase est l’Opérationnel ; elle et divisée en quatre étapes.
1-1 Une formation initiale traitant la plupart des sujets relatifs à la lutte anti-braconnage. Elle représente la base des connaissances nécessaires. Une fois la formation validée, le ranger évolue dans une unité d’affectation, au sein d’une équipe, dans laquelle il a le titre de « Opérateur LAB aspirant ».
1-2 Au terme d’une durée qui peut varier et d’un contrôle continu, il peut être validé en tant que « Opérateur LAB ». Il exerce cette fonction pendant une durée évolutive, jamais moins d’un an.
1-3 Quand sa hiérarchie estime qu’il est prêt, il postule à la formation de niveau supérieur. Les modules pédagogiques reprennent les thèmes de la session initiale, en plus poussés, et abordent de nouveaux domaines. Si le ranger passe avec succès les épreuves finales, il est nommé « Opérateur LAB confirmé aspirant ».
1-4 C’est au terme d’une année de terrain complète qu’il peut, s’il satisfait les conditions du contrôle continu, obtenir le grade de « Opérateur LAB confirmé ».

2. La dimension expertise

Après des années de pratique dans la fonction d’opérateur, et parce qu’il a obtenu de bons résultats sur le terrain, le ranger peut aspirer à une évolution logique dans son métier. La dimension expertise répond à ce besoin de développement. Le choix de la branche vers laquelle il peut s’orienter dépend de deux facteurs :
- Les besoins du service, c’est-à-dire le profil que recherche une unité pour renforcer son efficacité ;
- Sa sensibilité personnelle et ses compétences qui vont le pousser vers une branche en particulier.
En croisant les deux paramètres précédents, on offre au ranger trois champs de possibles :
2-1 Une expertise opérationnelle, qui recouvre plusieurs spécialités au sein de l’unité. Il s’agit du niveau 5:
• La fonction de coach sportif, qui inclut la self-défense, les préparations physique et mentale ;
• Le rôle de « paramédic », dont les connaissances et compétences vont bien au-delà de la base demandée aux opérateurs, même confirmés ;
• La protection : le ranger est sollicité pour accomplir des missions de protection de convoi, de sites voire de personnalités.
2-2 Une expertise managériale. Dans ce cas, parce qu’il a des prédispositions et que l’unité a besoin de cadres, la formation de chef d’équipe permet au ranger d’acquérir les bases du management.
L’objectif est, au terme de la formation, de lui donner le commandement d’une équipe.
2-3 Une expertise pédagogique. Cette formation prépare le ranger à l’instruction. Le but est qu’il devienne un formateur généraliste pour accompagner les futures formations et assurer le coaching des troupes sur le terrain.

3. La dimension stratégique

Fort d’une expérience de trois années minimum en tant que formateur, le ranger aspire à s’élever dans la hiérarchie. La formation stratégique lui offre l’acquisition de compétences beaucoup moins techniques mais plus politiques, stratégiques, couvrant des domaines tels la gestion ou l’environnement. L’objectif est de l’accompagner pour devenir un responsable d’unité et plus tard un commandant de brigade.

Le cas des pisteurs

Un autre élément majeur est à souligner pour comprendre l’esprit dans lequel ce parcours d’évolution des compétences a été conçu. Dans une session de trente à quarante stagiaires, il n’est pas rare de rencontrer des rangers qui ont de réelles faiblesses intellectuelles pour leur permettre de suivre ce parcours évolutif ; ils sont souvent en situation d’échec suite à la formation de niveau
Pourtant, leur connaissance de la brousse et leur motivation sont des atouts clés pour l’unité. Ces personnes ne sont pas écartées pour autant du dispositif. On leur attribue alors le titre de pisteur. En termes d’évolutions de carrière, leur expertise sera reconnue après des années de pratique avec le rang de chef pisteur.