Le braconnage des rhinocéros
C’est historiquement la première espèce que notre ONG s’est engagée à protéger. Qu’il s’agisse de diceros bicornis, le rhinocéros noir, ou de cerathoterium sinum, le rhinocéros blanc, tous deux sont considérés comme menacés par une explosion du braconnage.
Le rhinocéros fait partie de l’ordre des périssodactyles, c’est-à-dire qu’il possède un nombre impair de doigts, 3 en l’occurrence. Il compte parmi les plus gros herbivores au monde.
Sa peau est très épaisse, formant des plis aux points d’inflexion, nue à l’exception des franges des oreilles et des soies sur la queue. Deux cornes sont présentes chez les deux sexes, la corne antérieure étant normalement plus longue et plus épaisse à la base. Le mâle pèse entre 2 et 2,5 tonnes alors que la femelle ne dépasse jamais les 2 tonnes.
On différencie les deux espèces, blanc et noir, non pas par la couleur de la robe, puisqu’elle est de couleur grise, mais pas certains critères morphologiques et comportementaux.
Le rhinocéros blanc
Le rhinocéros blanc se nourrit presque exclusivement d’herbe qu’il arrache avec sa large bouche. Il est plus gros que son cousin de l’autre espèce et possède une bosse sur le cou. Il est plutôt paisible et peu enclin à charger.
Le rhinocéros noir
Le rhinocéros noir est une espèce en voie d'extinction puisqu'il apparaît sur la liste rouge de l'UICN :
Le rhino noir est plus petit que le blanc, puisqu’un mâle pèse environ un peu plus d’une tonne et sa femelle deux cents kilos de moins ; il n’a pas de bosse sur le cou et il possède une lèvre supérieure en forme de bec crochu. Cette bouche bien différente de la très large du blanc lui sert à s’alimenter en arrachant les pousses et les feuilles d’arbustes.
Très imprévisible, il est tout à fait capable de charger un intrus qui vient le déranger.
Un seul jeune naît en mars ou avril au terme d’une gestation de 15 mois pour un noir et 16 mois pour un blanc. Les naissances sont espacées de 2 à 4 ans.
Etat des lieux du braconnage
Les deux rhinocéros d’Afrique, de même que leurs cousins asiatiques de Java et de Sumatra, sont des espèces qui n’auraient jamais dû autant attirer l’attention des humains au cours des siècles. Malheureusement, leur attribut principal, une paire de cornes pour l’africain et celui de Sumatra, ou une corne unique pour l’indien ou celui de Java, ont de tout temps attisé les convoitises car cet appendice est recherché pour ses qualités décoratives et médicinales.
Ces deux espèces ont été braconnées à toutes les époques. Mais c’est véritablement au XXème siècle que s’est accéléré de manière exponentielle leur déclin.
Depuis quelques années, l’Afrique du sud constitue un baromètre riche d’enseignement quant aux attaques sur les rhinocéros :
Les Chinois et les Vietnamiens ont toujours cru dans les vertus de la corne sur le plan médicinal, et les plus riches consommaient habituellement ce produit.
Mais deux éléments expliquent largement l’explosion de la demande de corne de rhino ces dernières années :
1/ Malgré le régime en place, la Chine s’est largement ouverte aux marchés mondiaux et des milliers de capitalistes ont fait leur apparition en Chine, leur donnant un pouvoir financier les rendant capable d’acheter, à prix d’or, ces produits recherchés. Lors de soirées entre amis, de réunions professionnelles ou familiales, il est de bon ton dans les milieux aisés de partager un breuvage à base de corne de rhinocéros pilée. Car même ceux qui ne croient pas aux vertus médicinales supposées sont très sensibles au symbole extérieur de richesse que représente ce produit.
2/ La demande croissante dans les pays du sud-est asiatique a été satisfaite grâce à la présence récente sur la plupart des capitales économiques africaines de sociétés chinoises qui ont permis d’envoyer en masse des cornes de rhinocéros prélevées de manière criminelle suite au braconnage de ces animaux. Avant, c’était un peu plus compliqué pour les mafias chinoises de se faire exporter ces produits de contrebande. Il fallait s’appuyer sur des réseaux africains. Aujourd’hui, l’opération semble plus facile car la plupart des envois illicites sont noyés dans de très nombreux conteneurs expédiés par les sociétés chinoises présentes en masse sur le continent africain.
Mais ces statistiques alarmantes sont contrebalancées par certains pays, la Namibie et surtout l’Afrique du sud, qui dénoncent un acharnement de la part des ONG à prétendre que le rhinocéros africain est une espèce en danger critique.
Pour bien comprendre leur discours basé néanmoins sur des faits, il est nécessaire de présenter quelles solutions ont été entreprises pour lutter contre ce trafic.
Les moyens de lutte contre le braconnage des rhinos
Parmi les nombreuses contremesures existantes, il faut tout d’abord noter le travail conséquent des services de douane, d’interpol, de l’OCLAEPS pour détecter et intercepter les envois suspects et les cargaisons de ces produits illicites.
Il y a ensuite des ONG très actives pour aider les services judiciaires des différents pays concernés afin d’être plus efficace dans les procédures pour pénaliser les contrevenants.
Et enfin les organisations qui font un lobbying intense auprès des gouvernements des pays importateurs afin que ces derniers prennent des mesures drastiques pour dissuader fortement ce commerce à l’intérieur de leurs états.
Néanmoins il est nécessaire également de lutter sur le terrain afin d’éviter que l’animal ne se fasse tuer.
Pour ce faire, on peut distinguer les actions en deux catégories de lutte anti-braconnage "terrain" :
1/ Celles revendiquées par Wildlife Angel qui consistent à protéger plus férocement la faune en renforçant les compétences et l’équipement des rangers chargés de leur protection. Cela passe par de la formation poussée, mais aussi par la mise en place de procédures efficaces et de méthodes organisationnelles inspirées des tactiques militaires.
2/ Celles qui s’appuient plutôt sur la dissuasion, non par la peur de la force représentée par les rangers, mais plutôt par le désintérêt de l’abattage des rhinocéros.
Parmi ces dernières, on peut en citer trois :
- insérer une puce à l’intérieur de chaque corne (opération indolore pour l’animal) afin qu’elle soit détectable par les autorités. La parade des criminels consiste aujourd’hui à repérer et arracher cette puce ;
- empoisonner la corne (là encore opération indolore et à-priori inoffensive pour l’animal, mais ce dernier point reste à valider scientifiquement). Cela soulève un grave problème juridique et éthique quant à l’autorisation de cette pratique. De nombreux détracteurs comparent cette solution au fait d’empoisonner sciemment de la drogue pour essayer de faire chuter la consommation ;
- l’écornage (dehorning), opération pratiquée par un vétérinaire, et qui consiste à couper les cornes du rhinocéros (en sachant qu’elles repoussent). Outre le fait d’impacter esthétiquement l’animal, cette pratique est remise en question par certains éthologues qui ont noté des changements de comportement conséquents, essentiellement auprès des mâles.
Cette dernière solution est soumise à controverse, précisément dans les deux pays que l’on a évoqués, la Namibie et l’Afrique du sud. S’il est vrai que les statistiques sont depuis ces dernières années en faveur d’une reprise dans le nombre de rhinocéros, il s’agit surtout des populations captives dont leur nombre a explosé dans ces deux pays. Des réserves privées se sont lancées dans l’élevage de rhinocéros blancs afin de constituer un vivier pour l’avenir. Malheureusement, de nombreux groupes de pression ont été constitués pour demander à leurs gouvernements respectifs de libéraliser la vente de cornes de rhinocéros afin de faire chuter les prix en Asie, de satisfaire la demande et donc de faire chuter l’abattage des animaux. Mais cette opération est en fait une vaste fumisterie dont l’objectif est la spéculation financière à tout crin, sur le dos d’une espèce animale.
Pour la plupart des experts concernés, l’implication des gouvernements locaux (siège de l’offre) et celle des gouvernements asiatiques (siège de la demande), alliées au renforcement des compétences des forces anti-braconnage, de leurs méthodes et à la mise en place de procédures judiciaires efficaces sont les seules façons de protéger les rhinocéros africains d’une probable extinction.
Pour en savoir plus sur l'origine de la demande de corne de rhinocéros