L’exploitation aurifère est en pleine expansion au Burkina Faso depuis plusieurs années. Outre les gisements exploités par les grandes sociétés minières étrangères, les camps d’orpailleurs se multiplient et deviennent une menace pour les réserves du sud-est du pays.
Croissance de l’exploitation industrielle de l’or au Burkina
Depuis de nombreuses années, de grandes sociétés minières exploitent le sous-sol du Burkina pour extraire de l’or. Le secteur est en plein essor avec une production nationale qui est passée de 5,6 tonnes 2008 à 40 tonnes en 2016. Cette croissance s’explique par une réforme du code minier survenu entre 2000 et 2016 qui a favorisé la délivrance d’autorisations et de titres miniers pour attirer les investissements étrangers.
Depuis 2009, l’or a même dépassé le coton comme premier produit d’exportation. Cette expansion du secteur s’est accompagnée d’une véritable ruée vers l’or dans des zones où les gisements sont jugés insuffisants par les industriels.
Augmentation du nombre de sites d’orpaillage
Aujourd’hui au Burkina Faso, 1 million de personnes sur une population de 18 millions vivrait de l’orpaillage. En comparaison avec l’exploitation industrielle, ces sites d’extraction artisanale produiraient entre une et deux tonnes d’or chaque année. Les exploitations sauvages se sont d’abord implantées dans le sud-ouest du pays dans la région de Gaoua. Les orpailleurs ont eu recours dans cette région au travail des enfants pour extraire le précieux métal dans des galeries difficiles d’accès. De plus, les risques sont importants dans ces galeries creusées sans étayage. En août 2017, l’écroulement d’un tunnel a provoqué la mort de 8 personnes dans le centre du pays.
D’autres mines sauvages sont apparues depuis peu dans le sud-est du Burkina près de la frontière avec le Bénin. C’est dans cette zone, entre Pama et Diapaga, que s’étendent les réserves de Pama et du Singou ainsi que le Parc National d’Arli, un territoire où l’ONG Wildlife Angel est intervenue en 2017 pour former une vingtaine d’éco-gardes. Cette zone est classée Aire Protégée par l’UICN en raison de la présence d’un biotope d’une rare richesse.
Une menace sur la biodiversité burkinabée
Les chercheurs d’or ont élu domicile aux abords de la réserve, le long de la route de Pama qui mène à la frontière béninoise. A Pama, la population de ces camps illégaux a explosé pour passer de 2000 à 10 000 individus entre 2016 et 2017. Cette ruée vers l’or n’est pas sans impact sur l’écosystème environnant :
- Les déchets générés par ces campements sont abandonnés dans la nature
- Les tunnels creusés par les orpailleurs ne sont pas rebouchés faute de moyen et peuvent se transformer en piège pour les humains et pour les grands animaux (antilopes, éléphants et buffles)
- Cyanure et mercure ruinent la santé des orpailleurs et finissent dans la nappe phréatique. Ces produits toxiques se retrouvent dans les points d’eau des alentours avec un risque d’empoisonnement pour les humains et les animaux
- Pour se nourrir, les orpailleurs chassent dans les zones protégées et y déposent des pièges. Ce braconnage de subsistance à grande échelle met sous pression l’écosystème des réserves alentours.
Dans les zones protégées, les gardes forestiers essaient tant bien que mal de limiter les actes de braconnage mais ils sont vite dépassés par les événements. Des échanges de tir ont eu lieu le 16 avril 2017 entre braconniers et forestiers provoquant la mort d’un braconnier. Par la suite, des manifestations violentes ont éclaté et plusieurs campements privés et publics dans la réserve ont été incendiés.
C’est dans ce contexte que Wildlife Angel a été appelée sur le terrain dès juin 2017 pour former 24 éco-gardes chargés de protéger la faune de la région de la Kompienga. Suite aux affrontements d’avril 2017, les équipes de Wildlife Angel accompagnées des éco-gardes en formation se sont rendus en bordure du camp d’orpailleurs pour tenter d’apaiser la situation.
Des retombées économiques pour la population locale
La contrebande, la prostitution, la drogue et le banditisme font partie du quotidien dans ces villages d’orpailleurs. En effet, les camps génèrent un commerce entre le sud du Burkina et le nord du Bénin, la population locale bénéficie donc des retombées économiques de cette ruée vers l’or.
Pour empêcher le pillage systématique des réserves de la Kompienga, la solution viable envisagée pour le moment consiste à empêcher les braconniers de prélever des animaux dans les zones protégées par la dissuasion ou les arrestations.
Sources :
- http://www.liberation.fr/apps/2015/08/orpaillage-burkina/
- https://www.publicsenat.fr/lcp/politique/burkina-faso-dangereuse-ruee-vers-lor-1312012
- http://www.rfi.fr/afrique/20170828-burkina-faso-huit-morts-apres-eboulement-une-mine-or-artisanale-orpaillage
- http://www.rfi.fr/afrique/20160925-production-or-record-annee-burkina-faso-mines-exploitation
- http://lefaso.net/spip.php?article48187