Mardi 15 mars 2016 était organisée par Thomson Reuters et le FITS (Forum International des Technologies de la Sécurité) une conférence sur la criminalité environnementale.
Une criminalité de plus en plus inquiétante
Dès le départ, Messieurs Laurent Neyret, Professeur en droit à l’Université de Versailles Saint-Quentin, et Damien Martinez, Directeur Europe de Thomson Reuters, ont situé le débat en soulignant ses enjeux majeurs :
« Dans le monde entier, les activités illicites qui menacent l’environnement progressent à une vitesse inquiétante, que l’on songe au trafic d’espèces protégées, au trafic de déchets, à la pêche ou la déforestation illégale, à l’exploitation illicite de métaux précieux, ou encore aux tromperies quant à la qualité environnementale de certains produits. Les profits tirés des crimes contre l’environnement se situeraient entre 70 et 210 milliards de dollars par an et représenteraient la quatrième source de revenus illégaux pour le crime organisé. »
« Si un seul des fournisseurs direct ou indirect, d’une entreprise se trouve impliqué dans cette activité criminelle, c’est toute la chaîne des fournisseurs qui peut être mise en cause, comme l’ont montré des contentieux récents.
Il est donc impératif que les services compétents des institutions financières et des entreprises se saisissent de ces questions, non seulement en raison de leurs implications morales, mais parce que la criminalité environnementale les expose à un risque de réputation et à un risque financier grave. »
Afin de mieux cerner les enjeux de la lutte contre la criminalité environnementale, trois tables rondes composées d’experts internationaux ont été conduites autour de trois thèmes clés :
1- A qui profite le crime ?
2- Les trafics criminels, l’environnement et l’entreprise, quelques exemples: trafics d’animaux protégés, déforestation sauvage, trafic de déchets
3- La criminalité environnementale et la responsabilité de l’entreprise
Le trafic des espèces animales
La seconde table ronde concernait plus particulièrement le trafic de la faune sauvage et des produits forestiers. Interpol était représentée ainsi que le service de police judiciaire, l’OCLAESP. Deux ONG complétaient cette table ronde, le WWF avec Stéphane Ringuet, et IFAW représentée par sa directrice France et Afrique de l’ouest, Céline Sissler Bienvenu.
André Viau, préfet, président du FITS et modérateur de cette table ronde m’a demandé d’intervenir sur la thématique du financement du terrorisme. Ce fut l’occasion de rentrer quelque peu dans le détail en évoquant différents types d’organisations terroristes et en s’attachant à leur mode de financement.
L’objectif était d’aborder ce sujet sensible de manière très claire en étant le plus factuel possible et en se gardant bien de tout sensationnalisme. Le thème des interactions entre terrorisme et criminalité environnementale a été quelquefois traité sur internet et souvent avec de nombreuses erreurs.
Le public présent, essentiellement composé de grandes entreprises et d’entités publiques a été fort intéressé par le trafic de la faune sauvage, et en particulier le sujet présenté par Wildlife Angel sur le terrorisme. En effet, les personnes présentes étaient en attente d’informations fiables venant du terrain, ce qui, de l’avis de tous, n’est pas évident compte tenu du contexte d’insécurité sévissant dans la plupart des pays concernés. Ma présentation avait pour objectif d’exposer la situation du parc transfrontalier W en Afrique de l’ouest, en estimant les raisons pour lesquelles le parc a été placé en zone rouge sécuritaire. Cette décision a été prise par les autorités, informées de la présence d’unités du MUJAO et de Boko Haram. Même si à l’heure actuelle, il est quasiment impossible d’apporter de réelles preuves de la présence de ces groupes jihadistes dans le parc W, il n’est pas certain que ces unités terroristes ne soient pas intéressés par le W comme base arrière : ils auraient dans ce cas-là un lieu sûr pour se préparer, s’entraîner, survivre et pourquoi pas se financer en abattant des éléphants et en vendant l’ivoire.
Une suite logique sera donnée à cette réunion par la 2ème Conférence Internationale de Nîmes sur la criminalité environnementale, qui se tiendra à l’automne et au cours de laquelle Wildlife Angel est déjà conviée pour une intervention.