Plus d’un millier d’éco-gardes ont perdu la vie ces 10 dernières années au cours de l’exercice de leurs fonctions. Ils mènent dans des conditions difficiles un combat souvent inégal mais déterminant pour notre avenir à tous.
Suite à la disparition le 12 janvier 2019 de SAKANDE Salifou, un garde-forestier burkinabé tué alors qu’il patrouillait dans le parc national du W, il nous est apparu important de rappeler que sur le terrain, c’est une véritable guerre que nous menons aux côtés des éco-gardes et des rangers pour protéger la biodiversité.
Une guerre pour la préservation du monde sauvage
Durant les 10 dernières années, ce sont plus de 1000 éco-gardes qui ont donné leur vie pour la protection des habitats naturels sur la planète. Ce chiffre est probablement sous-estimé car dans beaucoup de pays en développement les statistiques ne sont pas fiables. Sans parler de tous les rangers blessés par balle et mutilés par des pièges qui devront désormais vivre avec un lourd handicap.
Sans surprise, un des terrains les plus dangereux pour les éco-gardes est l’Afrique. La République Démocratique du Congo est l’un des terrains les plus risqués avec 150 rangers tués dans le seul parc national des Virunga, une réserve qui abrite des gorilles des montagnes. C’est le parc le plus dangereux au monde, territoire des Forces démocratiques de libération du Rwanda, le groupe de rebelles rwandais Hutu et les Mai-Mai, une milice armée formée dans les années 90.
Selon la Thin Green Line Foundation, les deux tiers des rangers tués le sont par des braconniers dont l’équipement est toujours plus sophistiqué. Ils sont lourdement armés, équipés de GPS et de moyens de transport.
En face, les rangers bénéficient de moyens dérisoires pour lutter. Formation inexistante, armement limité, salaire peu valorisant, peu ou pas d’équipement et une organisation qui laisse à désirer.
Notre travail à Wildlife Angel consiste à leur donner les moyens de lutter efficacement contre la menace.
Situation sécuritaire critique au Burkina Faso
Le Burkina Faso est actuellement en proie à une menace terroriste descendue du Sahel. Des gendarmes ont été tués lors d’attaques et des engins explosifs artisanaux font régulièrement des victimes le long des routes. Il en résulte une déstabilisation de tout l’est du pays offrant un terrain propice à tous les trafics illégaux : orpaillage illégal, braconnage en hausse dans les parcs, etc. La population locale, les éco-gardes et la faune sauvage payent le prix de cette instabilité.
Avec l’opération WARLY 100 et la formation d’un corps de plus de 100 éco-gardes au Burkina Faso et au Niger, nous espérons pouvoir aider les deux pays à prendre le dessus pour éradiquer la menace. C’est la stabilité d’une partie de l’Afrique de l’Ouest qui est en jeu.
Un trafic illégal d’espèces sauvages en pleine expansion
Le trafic illégal de la faune sauvage – parties d’animaux, os, écailles, carapaces ou encore animaux de compagnie – est florissant. Chaque année, ce business génère 20 milliards de dollars et se positionne juste derrière le trafic de stupéfiants, d’armes et d’êtres humains.
Nous sommes également très inquiets de l’annonce surprise de l’Organisation Mondiale de la Santé qui envisage de reconnaître la médecine traditionnelle chinoise. De nombreux remèdes préparés à base de parties d’animaux – dont la science a démontré une parfaite inefficacité – pourraient voir leur demande augmenter, entraînant par effet domino un accroissement du braconnage partout dans le monde.
La 6ème grande extinction est en cours et la pression du braconnage s’ajoute à la perte d’habitat engendrée par l’exploitation agricole, l’industrie minière et l’inexorable expansion des villes. Si nous ne nous donnons pas les moyens de mener ce combat, l’hécatombe se poursuivra chez les rangers et la faune sauvage. Ce combat est d’une urgence absolue, car l’éradication de la biodiversité menace à court terme notre système économique.