Comment le meilleur ami de l’homme est capable de s’impliquer, au risque de sa vie, pour protéger d’autres espèces !
Les équipes anti-braconnage sont souvent constituées de deux types de chien : le premier groupé, que l’on appellera les « trackers », est plutôt spécialisé dans la traque, la recherche d’animaux blessés mais aussi de braconniers en fuite ; le second groupe, les « strikers », est capable de pister également mais excelle surtout dans l’arrestation, la maîtrise des prévenus et la protection des rangers.
Le berger malinois :
C’est un chien rustique, qui nécessite peu d’entretien. Un mâle adulte a un poids moyen de 30 à 35 kilos, avec une hauteur au garrot de 60 cm environ. Son allure est très athlétique.
D’une grande vivacité, il peut courir à très grande vitesse. Lorsqu’il est lancé, il constitue un projectile d’une efficacité redoutable pour faire tomber une cible et la maintenir au sol.
Mais l’endurance et la rapidité ne sont pas les seules qualités qu’il possède. Il est également capable grâce à son odorat de compléter le travail des trackers, ou de s’y substituer si l’équipe n’en possède pas.
On peut lui demander énormément de choses et son aptitude au travail le rend capable de s’illustrer dans des environnements très différents.
C’est un chien très utilisé en anti-braconnage, car il possède une capacité d’adaptation extraordinaire et une efficacité absolue. On peut l’amener n’importe où et son poids moyen et son habileté peuvent lui permettre d’être héliporté sans problème. J’ai pu tester leur endurance dans le bush aride, sous un soleil de plomb. Il est vrai que son poil court lui facilite la tâche lorsqu’il se déplace entre les arbustes épineux. Il paraît physiquement peu impressionnant lorsqu’on le compare à d’autres chiens que nous verrons dans un prochain article, mais cette vision est totalement fausse. C’est pour moi le chien le plus efficace dans les opérations anti-braconnage, et si on devait avoir un seul chien dans une équipe, ce serait un malinois !
J’avais prévu de parler de ce chien depuis deux mois, mais l’actualité me conduit à lui rendre un hommage appuyé, quand on sait qu’une femelle malinois appartenant au Raid a trouvé la mort, il y a quelques jours, en faisant son travail aux côtés des forces de l’ordre.
Nous avons une pensée pour Diesel, tombée au champ d’honneur, non sans oublier évidemment tous les innocents lâchement assassinés.
Le boerboel sud-africain :
Cette race a été fabriquée par les fermiers sud-africains (les boers) à partir de dogues ramenés de Hollande et d’autres pays européens, ainsi que certains chiens purement africains. Puis des croisements ont été opérés avec des bullmastiffs anglais, pour parfaire la race et éviter la consanguinité.
C’est avant tout un chien qui était prévu pour garder les troupeaux, protéger les fermes et dissuader les animaux sauvages. Il y a de nombreuses histoires en Afrique australe de boerboels qui ont défendu, au péril de leur vie, les fermiers face aux attaques de fauves (léopard ou lion).
Ce chien a très mauvaise réputation en France et c’est pour cela qu’il est interdit d’en posséder. Sa notoriété a été entachée par les mauvais traitements que certains sujets ont subi en Afrique du sud car leurs propriétaires s’en servaient comme « chiens tueurs ». Un sujet équilibré, pouvant s’entraîner régulièrement, bien tenu par son maître donnera d’excellents résultats. Il a besoin d’une éducation rigoureuse.
Un mâle adulte pèse environ 80 kg pour 65 cm au garrot en moyenne. Son corps est imposant et il possède une force prodigieuse. Il est capable de courir vite même s’il ne tient pas la cadence très longtemps.
Pour avoir déjà pratiqué ce genre de chien, je conseillerais plutôt une femelle qui me semble plus percutante, plus intelligente et donc plus apte au travail de protection dans l’anti-braconnage. Son gabarit n’a absolument rien à envier à celui des mâles.
Certains ont déjà entraîné des boerboels au pistage pour essayer d’avoir avec le même chien un tracker et un striker, comme on l’a vu avec le malinois. Mais les résultats, en anti-braconnage par exemple, ne m’ont pas convaincu. S’il est physiquement beaucoup plus impressionnant qu’un malinois, il est malgré tout moins souple d’utilisation et son poids le handicape quelque peu.
Dans des équipes anti-braconnage, le boerboel peut faire peur à certains membres de l’équipe à cause de sa réputation acquise pendant l’apartheid. Lorsqu’il est utilisé en Tanzanie ou au Botswana, on n’a pas ce problème.
Le berger allemand :
Il n’est plus la peine de présenter ce superbe chien tant sa renommée est grande. Il est de taille moyenne, légèrement plus long que haut, de ligne athlétique. Vigoureux et musclé, il dispose d’une construction générale solide. Les mâles ont une taille d’environ 60 à 65 cm au garrot et les femelles entre 55 à 60 cm. Le poids varie de 22 à 32 kg pour la femelle et de 30 à 40 kg pour le mâle.
Le berger allemand possède un instinct de protection inné. La plupart des possesseurs de cette race l’utilisent ainsi comme moyen de dissuasion vis-à-vis des intrus. En général, cela laisse au chien une grande part d’initiative personnelle.
Les corps de gendarmerie, de police et certains bataillons de l’armée ont tout de suite discerné chez cet animal des dons de combattant exceptionnels.
Grâce à sa rapidité et sa souplesse, il sert aussi d’agent de liaison. Il est inégalable pour passer inaperçu tant il est d’un naturel méfiant. On lui confie même la surveillance des installations sensibles.
Il est également très résistant et endurant, capable de s’exprimer dans des conditions climatiques extrêmes.
Plus réfléchi qu’impulsif, il semble que les spécialistes aient moins de désagrément avec lui qu’avec un berger belge qui est un hyper-nerveux. Il a le don de déceler les intentions de l’adversaire ; il sait, par exemple, tout de suite si quelqu’un a peur de lui.
C’est un grand sportif. Doué d’une très large détente, d’une souplesse remarquable, d’une puissance physique exceptionnelle alliée à une endurance étonnante, il est le chien d’action par excellence.
Grâce à ses aptitudes pour le dressage mais aussi de son caractère incorruptible, le berger allemand est aujourd’hui la première race de chiens de garde au monde. Ce n’est donc pas étonnant qu’il se retrouve dans de nombreuses unités anti-braconnage en Afrique. Des groupes d’anti-braconnage sud-africains, œuvrant principalement dans les réserves privées jouxtant le parc Krüger, utilisent majoritairement des bergers allemands. Leur intelligence, leur solidité et leur efficacité donnent d’excellents résultats. On m’a rapporté une histoire qui s’est passée il y a quelques années. Un ranger, qui était en train de décharger son véhicule dans un camp de brousse, avait été repéré par une lionne blessée et affamée. Les lions sont en général peu attirés par la chair humaine. Or dans sa situation, elle n’avait pas trouvé de gibier plus facile à chasser. Alors qu’elle se préparait à lui sauter dessus, sa chienne berger allemand, Vixen, se rendit compte de l’attaque et elle s’interposa afin de protéger son maître. Malgré un poids et une puissance bien inférieurs, la chienne livra un combat intense à la lionne, permettant au ranger de lancer l’alerte et d’aller chercher de l’aide. D’autres rangers le rejoignirent alors pour réussir à mettre en fuite l’animal sauvage. Malheureusement, Vixen ne survécut pas à ses blessures et elle devint la mascotte du groupe.