Comment le meilleur ami de l’homme est capable de s’impliquer, au risque de sa vie, pour protéger d’autres espèces !
Les équipes anti-braconnage sont souvent constituées de deux types de chien : le premier groupé, que l’on appellera les « trackers », est plutôt spécialisé dans la traque, la recherche d’animaux blessés mais aussi de braconniers en fuite ; le second groupe, les « strikers », est capable de pister également mais excelle surtout dans l’arrestation, la maîtrise des prévenus et la protection des rangers.
Le chien de Saint-Hubert (ou Bloodhound) :
Ce chien de grande taille, à l’aspect lourd et massif, dans les 50 kilos pour un mâle en moyenne, excellent limier, est un chien courant normalement utilisé à la chasse et comme chien de détection par certains services de police (FBI, gendarmerie, …). C’est un chien rustique qui s’adapte parfaitement à tous les biotopes. Il excelle en particulier dans les forêts humides. J’ai vu des équipes en Centrafrique utiliser ce type de chiens pour la recherche des animaux blessés ou pour suivre des pistes de braconniers fuyant des scènes de crimes.
Depuis quelques années, il équipe avec un franc succès des unités de rangers dans le massif des Virunga, en République Démocratique du Congo.
Un des projets consiste à utiliser ce type de chiens, non seulement pour le pistage, mais également pour détecter certaines cargaisons suspectes, pouvant contenir de l’ivoire ou des cornes de rhinocéros. On pourrait ainsi se servir des chiens non seulement pour le pistage des animaux blessés ou des braconniers suspects, mais aussi pour les opérations de contrôle et de fouille des véhicules dans les road-blocks.
Il effectue ses recherches, ses pistes en utilisant des molécules individuelles de l’individu qu’il doit rechercher ou qu’il doit identifier. Son flair, dit à toute épreuve, lui permet de traverser une zone forestière ou une partie de savane à la poursuite d’un individu, même s’il croise de très nombreuses pistes d’animaux ou de villageois qui sont passés par là, ceci même après plusieurs jours, sans jamais perdre la trace.
Sa mémoire est prodigieuse et le Saint-Hubert n’oublie rien. Il sait engranger dans son nez tous les souvenirs olfactifs qu’il rencontre dans son environnement, ce qui lui permet d’effectuer une discrimination des odeurs en quelques secondes.
Le chien de Saint-Hubert fait donc partie de notre première catégorie de chien, les trackers. Même s’il est plutôt utilisé dans les pays d’Afrique francophone, c’est un chien parfaitement capable d’appuyer nos unités anti-braconnage en Afrique australe. N’oublions pas que c’est le chien qui possède l’odorat le plus développé.
Le Rhodesian ridgeback :
Il est robuste, musclé, très rapide et très endurant. Il n’est pas très lourd pour sa taille, 35 à 40 kilos en moyenne pour un mâle. Il est symétrique dans sa silhouette et se caractérise par une crête dorsale.
Les sud-africains s’en sont servis par le passé pour chasser les fauves comme le lion. Utilisés en petit groupe, ils n’allaient pas rechercher le contact mais encerclaient leur ennemi pour le bloquer. Ils le tenaient au ferme, en le harcelant et aboyant mais sans jamais chercher à l’attaquer ou le tuer, et attendaient l’arrivée des chasseurs.
De nos jours, son grand flair en fait un pisteur efficace, il obtient également de bons résultats dans la recherche du gibier blessé, même s’il n’est pas considéré comme un chien de sang.
Le Rhodesian ridgeback, de construction équilibrée, forte et agile, est un chien apparenté aux chiens courant. Actif, c’est un chien capable d’une grande endurance et d’une bonne vitesse
Pourtant, de par sa nature de chien originellement fait pour le ferme, il est capable de bloquer un ou plusieurs braconniers en attendant que les rangers n’arrivent pour les arrêter. Ce n’est pas un chien d’attaque tel qu’on l’entend, mais à deux ou trois, ils savent comment se positionner pour encercler les individus hostiles.
Le chien de Rhodésie à crête dorsale fait donc partie de notre première catégorie de chien, les trackers. Les équipes d’anti-braconnage d’Afrique du Sud et de Namibie utilisent ce type de chiens qui est très connu dans les pays d’Afrique australe. Ses origines rhodésiennes, la Rhodésie est l’actuel Zimbabwe, facilitent grandement son adaptation aux différents biotopes des régions dans lesquelles il travaille.
Le braque de Weimar :
A l’origine, il n’est pas un chien d’arrêt mais un chien courant. Il a été utilisé il y a plus de 300 ans par la noblesse du Grand-duché de Weimar pour chasser le loup, le lynx, les cerfs et les sangliers et également pour la destruction des nuisibles. C’est un chien robuste et rustique qui s’accommode parfaitement des changements de températures. Il est aussi à l’aise dans les milieux semi-désertiques comme le Kalahari que dans les zones froides du Free State.
Le braque de Weimar est également un chien courageux et volontaire. Il est très protecteur vis à vis de son maître. Aux Etats-Unis, ces qualités de chien de défense sont très appréciées. Ainsi, beaucoup de gardes forestiers américains ont un braque de Weimar, car il n’hésite pas à attaquer les lynx et les pumas, pour défendre son maître.
Le braque de Weimar est redoutable pour trouver des animaux tués par des braconniers ou pour suivre l’éventuelle piste d’animaux blessés. Quand on a un doute sur la possibilité qu’un animal ait pu être braconné dans une zone, le braque de Weimar est particulièrement adapté à cette tâche. Il est têtu et très méthodique dans ses recherches.
Certains braques de Weimar font partie d’unités anti-braconnage dans des réserves privées en bordure du parc Krüger en Afrique du Sud. Les opérations auxquelles ils ont participé ont été couronnées de succès. La liste de ses compétences est longue. Mais j’ai vu des braques de Weimar capables de détecter des pièges posés par des braconniers, alors qu’on éprouvait des difficultés à les repérer.
Il constitue un binôme très efficace au niveau des opérations anti-braconnage lorsqu’il est associé à un chien de notre groupe 2, un striker, dont les différentes races retenues seront détaillées dans les prochains articles.