D’après une étude publiée dans le magazine Science en octobre dernier, environ un animal sauvage terrestre sur cinq fait les frais du commerce. Il s’agit ici du commerce comprenant les animaux sauvages – souvent des juvéniles – capturés pour être vendus comme animaux de compagnie exotique ainsi que les parties d’animaux utilisées pour la médecine traditionnelle – souvent asiatique. Lorsque la population d’une espèce plonge à un niveau critique ne permettant plus de satisfaire la demande, les trafiquants s’intéressent aux espèces présentant des traits similaires. Ainsi, les chercheurs estiment que 3200 espèces supplémentaires risquent d’être prises pour cibles dans un futur proche.
Selon l’article de Mongabay relatant les résultats de l’étude, le commerce de la faune sauvage figure en seconde position parmi les causes de la 6ème extinction en cours, juste derrière la destruction de l’habitat naturel par les activités humaines (urbanisation, déforestation, agriculture, activités minières, industries, infrastructures, etc). Plus de 65 % des familles de vertébrés sont concernées et un cinquième des amphibiens, oiseaux, mammifères et reptiles sont considérés comme de banals produits de consommation.
Brett Scheffers, écologiste et professeur assistant de l’Université de Floride décrit le processus qui mène à l’extermination méthodique des espèces par le trafic : « Une fois qu’une espèce trafiquée est épuisée, les espèces avec des traits similaires deviennent une cible du commerce. […] Quand on vient à manquer d’une espèce d’oiseau au jaune éclatant, on passe à une autre espèce qui lui ressemble. »
« Les animaux ont une valeur sur le marché parce qu’ils ont quelque chose de spécial – par exemple, les oiseaux aux couleurs vives sont demandés ainsi que les animaux représentant une source d’ivoire. » C’est notamment le cas du Calao à casque rond très recherché en Chine.
Le commerce de la faune sauvage est principalement alimenté par le braconnage et la capture d’animaux dans leur milieu naturel. Les braconniers s’adaptent aux goûts et à la demande des consommateurs, mais ils consultent aussi la littérature scientifique. Les chercheurs se sont aperçus à plusieurs reprises que de nouvelles espèces de reptiles ou d’amphibiens se retrouvaient sur les marchés d’Europe peu après leur découverte et leur description dans des revues scientifiques de renom.
Ce pillage à grande échelle ne se limite pas aux zones tropicales, loin de là. En France, l’un des plus lucratifs trafics de faune sauvage concerne les civelles – des anguilles juvéniles – qui se revendent entre 4000 et 6000 € le kg sur les marchés asiatiques. Au total, ce juteux business est estimé à 3 milliards d’euros par Europol. Des centaines de millions de civelles sont capturées chaque année alors que l’anguille européenne est classée en danger critique d’extinction par l’IUCN.