Dans la très sérieuse revue scientifique américaine, Bioscience, des dizaines de scientifiques et chercheurs du monde entier se sont regroupés afin d’établir une Déclaration Internationale pour sauver la grande faune sauvage en danger.
Tous s’accordent à dire que l’humanité ne peut plus continuer ainsi, à détruire les espèces les plus emblématiques du monde du vivant ou à se désintéresser de leur disparition très probable.
Les deux principales menaces mises en avant par les scientifiques sont d’une part le braconnage, en insistant sur l’aspect criminel, mais aussi la diminution de l’espace vital des animaux sauvages, due en particulier à l’extension des zones cultivées, à la déforestation et au développement des troupeaux de bovins et d’ovins. Pour apporter un ordre de comparaison dans les grandes dimensions, on estime à environ 4 milliards le nombre de ruminants domestiques sur la planète, contre 8 millions de grands herbivores sauvages (individus d’un poids supérieur à 100 kgs). Et l’augmentation de la population humaine mondiale va s’accompagner d’un accroissement inexorable du nombre d’animaux d’élevage, ce qui accentuera plus fortement le déséquilibre.
Selon les scientifiques, il est urgent d’agir avec des actions concrètes et que tout le monde entier se sente concerné.
La Déclaration des Scientifiques en 13 points
Nous, scientifiques de la conservation:
- Reconnaissons que la plupart des espèces de mégafaune terrestres sont menacées d’extinction et ont des populations en déclin. Certaines espèces de mégafaune qui ne sont pas globalement menacées sont néanmoins confrontées à des extinctions locales ou ont des sous-espèces en danger critique.
- Sommes conscients qu’agir comme si de rien n’était se traduira par la perte d’un grand nombre des espèces les plus emblématiques de la Terre.
- Comprenons que la mégafaune a des rôles écologiques qui affectent directement et indirectement les processus écosystémiques et d’autres espèces à travers le réseau trophique; échouer à inverser le déclin de la mégafaune perturbera les interactions entre espèces avec des conséquences négatives pour le fonctionnement des écosystèmes, la diversité biologique et les services écologiques, économiques et sociaux que ces espèces fournissent.
- Réalisons que la mégafaune est un symbole de la nature sauvage, illustré par l’engagement du public pour la nature, et que cela est une force motrice derrière les efforts pour maintenir les services écosystémiques que la mégafaune peut fournir.
- Reconnaissons l’importance d’intégrer et de mieux aligner les besoins en développement humain et conservation de la biodiversité grâce à l’engagement et le soutien des communautés locales dans les pays en développement.
- Proposons que les organismes de financement et les scientifiques accroissent les efforts de recherche en conservation dans les pays en développement, où la plupart de la mégafaune menacée se trouve. Plus précisément, il est nécessaire d’augmenter le budget de recherche visant à trouver des solutions pour la conservation de la mégafaune, en particulier pour les espèces les moins connues.
- Demandons l’aide du public, des gouvernements, des entreprises et des organisations non gouvernementales pour stopper les pratiques qui sont nuisibles à ces espèces et pour participer activement à aider à inverser le déclin de la mégafaune.
- Aspirons à une meilleure sensibilisation du public mondial à la crise actuelle de la mégafaune à travers l’utilisation des médias traditionnels, ainsi que des médias sociaux et d’autres approches de communication.
- Sollicitons un engagement et cadre mondial nouveaux et ambitieux pour la conservation de la mégafaune. La communauté internationale doit prendre les mesures nécessaires pour empêcher l’extinction de masse de la mégafaune du monde et d’autres espèces.
- Encourageons le développement de nouveaux mécanismes de financement pour convertir les avantages issus de la valeur intrinsèque de la mégafaune en paiements tangibles pour soutenir les actions de recherche et de conservation dans les lieux où la mégafaune très appréciée doit être préservée.
- Plaidons pour un échange scientifique interdisciplinaire entre les nations pour améliorer la compréhension sociale et écologique des causes du déclin de la mégafaune, et augmenter le potentiel de la science et de la conservation de la mégafaune.
- Recommandons la réintroduction et la restauration des populations dégradées de mégafaune chaque fois que cela est possible, suivant les lignes directrices acceptées de l’UICN, l’importance écologique et économique de ces réintroductions étant mises en évidence par un nombre croissant de succès : loups (Canis lupus) du Yellowstone, cerfs du Père David (Elaphurus davidianus) en Chine, ou diverses espèces de mégafaune du Parc National de Gorongosa au Mozambique.
- Affirmons une obligation morale permanente de protéger la mégafaune de la terre.
Les actions concrètes de cette déclaration
Les points 1 à 4 et 9 ci-dessus sont des constats que Wildlife Angel partage depuis sa création et qui sont abordés chaque fois que nous intervenons (conférences, interviews, …).
Les points 6, 11 et 12 concernent plus particulièrement le milieu scientifique et nous saluons d’ailleurs leur forte implication sur ces éléments.
Les points 5 et 10 constituent un axe majeur sur lequel se positionne notre structure en travaillant avec les populations et les communautés locales pour qu’elles participent de plus en plus à la sauvegarde de leur patrimoine.
Le point 7 est l’axe déterminant qui a fait la raison d’être de Wildlife Angel, à savoir la lutte contre le braconnage.
Le point 8 est un autre axe sur lequel s’exprime encore notre ONG par le biais des conférences, des différents articles dans les journaux, et dans un futur proche, de notre implication dans des programmes télévisés, la parution d’un ouvrage sur le thème et la réalisation d’un film.
Le point 13 souligne parfaitement notre obligation de protéger la faune sauvage menacée d’extinction !
Cette déclaration ne révolutionne certainement pas la situation de la faune sauvage. Mais elle a le mérite d’être établie par des référents du monde entier. Elle nous conforte néanmoins dans la trajectoire que nous avons donnée à l’ONG et nous légitime encore plus dans nos actions.