Regain d’agressivité au Botswana
Les attaques d’éléphants contre des êtres humains dans certains villages du nord-ouest de l’Okavango (nord du Botswana) sont en hausse.
En 2017, la police a enregistré environ huit incidents qui ont eu lieu dans différentes régions et ont entraîné des pertes en vies humaines.
Un responsable de la police locale a déclaré lors d’une interview que les attaques d’éléphants avaient augmenté en 2017 par rapport aux autres années.
Il a confirmé que l’année dernière, ils ont enregistré huit incidents qui ont eu lieu entre les villages de Shakawe et Gumare, en bordure ouest de l’Okavango. Il a souligné que la situation devient inquiétante car les éléphants représentent maintenant un sérieux danger pour la vie des communautés.
L’explication avancée par le Surintendant Gochela s’appuie sur le fait que la zone a connu une nette augmentation des incidents de braconnage par rapport aux années précédentes. Il soupçonne donc que les éléphants deviennent agressifs à cause des actes de braconnage intensifs. Il a révélé que l’année dernière, ses équipes ont découvert de nombreuses carcasses d’éléphants dans le district d’Okavango, ajoutant qu’un certain nombre de suspects avaient été arrêtés en relation avec des incidents de braconnage.
« Les éléphants ne sont pas des animaux violents à moins qu’ils ne soient provoqués, d’où de nombreux incidents malheureux », a-t-il insisté.
Le chef de la police a donc appelé les communautés locales à travailler de concert avec les forces de l’ordre, notant qu’elles devraient signaler les incidents de braconnage dans leurs zones respectives.
Pendant ce temps un homme de 60 ans du village de Xhumxwi dans le district d’Okavango vient d’être attaqué et tué par un éléphant alors qu’il cherchait quelques éléments de son troupeau qui s’étaient échappés dans la brousse. Le vieil homme avait quitté la maison l’après-midi mais n’est jamais revenu et a été retrouvé mort dans la brousse le 12 janvier avec des blessures sur tout le corps. Des indices ont été récupérés sur place par la police, confirmant bien qu’il avait été attaqué et tué par un éléphant agressif.
Au cours d’un autre incident, une vieille femme a été retrouvée morte près d’un poste forestier près de Gumare après une attaque d’éléphants.
Toujours à Gumare, il a été rapporté qu’un garçon de 11 ans est en convalescence à l’hôpital local après avoir survécu à une attaque d’éléphant. Alors que sa mère et lui marchaient sur une piste pour se rendre au village voisin, ils ont rencontré des éléphants qui ont attaqué le garçon et l’ont blessé gravement. La mère a signalé l’affaire à la police et le petit garçon a été transporté à l’hôpital.
Représailles des Masaïs au Kenya
Au Kenya également, le gouverneur du Kajiado county, en bordure de la frontière tanzanienne près du lac Natron, remet en question la stratégie du KWS (Kenya Wildlife Service) dans la protection des pachydermes. Selon lui, les Masaïs se sont particulièrement impliqués dans la défense des éléphants, malgré un braconnage que ne peuvent endiguer les troupes du KWS. Et les populations locales ne bénéficient pas des sommes promises par le KWS pour les indemniser en cas de destruction de récoltes, de pertes de troupeaux ou d’attaques sur les populations. Pire que cela, 39 personnes ont perdu la vie dans des rencontres avec des éléphants et des lions agressifs. Devant les atermoiements du KWS, sept éléphants ont été abattus il y a moins d’une semaine par les Masaïs, en représailles.
Le conflit homme / animal impliquant des éléphants prend de plus en plus d’importance dans la plupart des pays africains, même dans les zones où les populations de pachydermes sont en grand danger. C’est une analyse une peu simpliste, semble-t-il, que d’attribuer au braconnage le comportement agressif des éléphants. La détérioration de leur environnement, la réduction drastique de leur espace de liberté rendant plus difficile leur recherche d’eau et de nourriture sont beaucoup plus impactants sur leur comportement que les seuls actes de braconnage, même si nous sommes bien placés pour dénoncer cet aspect.
Et demain ?
Il est évident que si, demain, nous arrivions à juguler le braconnage sur les animaux africains, nous serions inéluctablement confrontés à une menace plus pernicieuse : le conflit homme / animal. Car si aujourd’hui, notre positionnement en faveur de la protection de la faune sauvage s’oppose essentiellement à des organisations criminelles, nous donnant ainsi le « beau rôle », qu’en sera-t-il demain lorsque nos équipes de protection seront chargées de défendre la faune contre de pauvres villageois, des agriculteurs, des éleveurs, qui se battent tous les jours dans leurs champs pour essayer de tirer un bien maigre revenu de leurs activités ?
Qu’il s’agisse, comme dans nos exemples précédents, du Botswana ou du Kenya, il est aujourd’hui très complexe de gérer ces situations conflictuelles opposant la faune sauvage aux activités humaines. La perte de leur habitat naturel au profit de l’expansion des hommes est une des principales menaces actuelles. Et l’explosion démographique africaine annoncée ne fait que renforcer les inquiétudes futures. Que faire donc pour aider l’Afrique sur cette problématique ? Pas grand-chose quand on voit que, chez nous, quelques centaines de loups réintroduits créent une polémique opposant défenseurs de la faune et éleveurs …