Au moins deux ministres et un haut responsable de la région nord ont été semble-t-il impliqués dans des actions de braconnage sur des rhinocéros et des éléphants dans le parc national d’Etosha.
Le directeur exécutif de Namrights, ONG namibienne dont la mission est de faire respecter les droits de l’homme dans le pays, Phil Ya Nangoloh, a déclaré avoir fait des découvertes choquantes lors d’une enquête indépendante sur une question de non respect des droits de l’homme dans une affaire ayant eu un rapport avec du braconnage de rhinocéros pendant les mois de juin et juillet de cette année.
Bien que M. Ya Nangoloh ne veuille pas divulguer les noms des trois personnalités politiques impliquées dans le trafic, il a cependant confirmé que ses résultats avaient été communiqués au responsable de la police namibienne, l’inspecteur général Sebastian Ndeitunga.
« J’ai conduit cette enquête par souci de transparence. Les Communautés villageoises autour du parc se sont plaintes qu’elles étaient victimes et elles ont signalé à Namrights les problèmes qu’elles avaient au regard des droits de l’homme. Je suis un citoyen responsable et je croyais que la police allait être intéressée par ces informations qui touchent nos concitoyens. Il ressort de mes conclusions que, non seulement de très hauts fonctionnaires du gouvernement sont impliqués, mais aussi que beaucoup dans la région d’Omusati, autour de Okahao, sont responsables de racket pour des opérations de braconnage à l’intérieur du parc d’Etosha lui-même. »
Selon ses conclusions, des véhicules ordinaires ont été utilisés pour transporter le butin, composé de cornes de rhinocéros et de défenses d’éléphant, à partir d’Etosha jusqu’à Ohakao, et qu’à partir de là, des véhicules des « barons présumés » du gouvernement ont récupéré les cornes et défenses pour les acheminer à Swakopmund et Walvis Bay et les remettre à des acheteurs allemands et chinois.
Les véhicules VIP du gouvernement ont selon lui été utilisés parce qu’ils ne peuvent pas être fouillés aux check-points (barrages de police).
« Ya Nangoloh a ajouté que le racket est utilisé sur la population pauvre des Bushmen (ndlr : qui sont les laissés pour compte des différentes ethnies namibiennes !) pour les impliquer dans l’abattage des animaux. Les Bushmen sont réputés en effet pour leur grande habileté à traquer et approcher les animaux sauvages. Certains sont donc mis sous pression pour qu’ils suivent et tuent les rhinos ou les éléphants contre des rémunérations de quelques centaines d’euros. Les conclusions de son rapport montrent également que les braconniers ont collaboré avec des gardes du parc, appartenant au Nature Conservation, pour obtenir des cornes et de l’ivoire sur Etosha. »
Et le directeur de Namrights de rajouter simplement :
« Cette enquête, cependant, ne mènera nulle part parce que des hauts fonctionnaires politiques sont impliqués. Elle subira le même sort que bien d’autres, la corruption étant à un niveau tel dans ce pays. Je crois sincèrement que l’inspecteur général Ndeitunga aurait voulu aller au fond de cette affaire, mais ses mains sont liées. C’est un très bon professionnel, mais il est également nommé par les politiques, ne l’oublions pas. »
Toute cette sombre affaire de corruption et de racket sur fond de trafic d’espèces sauvages protégées nous rappelle cette histoire de policiers d’Oshana (ville du nord du pays non loin d’Etosha), dont le Commandant Régional avait été envoyé à la retraite plus tôt que prévu. Des rumeurs avaient longtemps circulé à Windhoek (la capitale du pays) sur le fait qu’il avait été chassé de la police en raison de son implication présumée dans le scandale du braconnage dans le parc.
Alors que je suis en train d’écrire cet article, je viens de recevoir d’autres renseignements, toujours sur le même sujet, émanant d’un journaliste d’investigation namibien qui enquête depuis de nombreuses années sur la piste du crime organisé en Namibie. Il a apparemment des informations de première importance à communiquer.