Une formation pour résoudre le conflit homme / animal
Tout comme le Kenya voisin, la Tanzanie est confrontée depuis quelques temps au problème de l’invasion des animaux sauvages dans les infrastructures humaines entourant les parcs nationaux. Pour enrayer ce phénomène qui peut être dangereux pour les populations locales, le ministère des Ressources naturelles et du tourisme a prévu de mettre en place une formation destinée aux habitants de la région dans le but de les protéger.
L’initiative a été lancée dans deux villages dans le district de Chamwino, au sud de la capitale Dodoma.
Le discours de l’ingénieur du ministère, représentant du gouvernement est très instructif :
« Le gouvernement va mettre en place une formation spéciale destinée à certains membres de la communauté, relative aux meilleurs moyens pour se protéger contre les attaques de la faune dans laquelle ils seront donnés des armes spéciales pour les chasser avant qu’ils ne causent des dommages.
En raison des difficultés géographiques, certaines régions ne bénéficient pas de la protection de l’État. Les gardes-chasse disponibles ne sont pas suffisants pour protéger toutes les zones rurales, en particulier en cas d’urgence. Ainsi, grâce à la formation et aux outils de protection qui vont être donnés à certains membres de la communauté, la situation va s’améliorer. »
On a appris que des armes allaient être fournies aux locaux et la formation s’appuiera en particulier sur l’utilisation de ces armes. Le représentant du gouvernement a demandé à des fonctionnaires dans les deux villages concernés, qui entourent le parc national de Ruaha, de commencer leur action par l’identification de jeunes gens solides, instruits et honnêtes. L’objectif est ainsi de constituer un vivier d’individus capables de prendre les armes en cas d’attaque des villages par les éléphants ou les fauves. L’ingénieur a rappelé aux bénéficiaires que cette action faisait plus largement partie d’un plan de conservation de la faune sauvage et que le gouvernement continuait à coopérer activement avec les populations, en parrainant deux projets, le dispensaire d’un village et le dortoir des filles de l’école secondaire.
Armer des locaux pour se défendre … de la faune sauvage ????
Cette info parue dans le Tanzania Daily news de Dar es Salaam est très intéressante. Souvent les pays africains rechignent à équiper et à former les locaux pour les rendre plus actifs et efficaces dans la lutte contre le braconnage criminel. Les arguments sont nombreux, notamment ceux consistant à déclarer que de telles actions, en apprenant l’utilisation du maniement des armes, contribueraient à former de nouveaux braconniers ou des rebelles potentiels parmi les villageois. Or là, dans un cadre classique de conflit homme / animal, on n’a rien trouvé de mieux que d’équiper et de former des locaux à se défendre contre les animaux sauvages. Car pour le gouvernement tanzanien, le fléau, la plaie responsable de nombreux problèmes, ce ne sont pas les braconniers et les organisations criminelles qui ont détruit la fabuleuse faune de parcs aussi médiatiques que le Selous ! Non le fléau de la Tanzanie, la gangrène de ce magnifique pays, ce sont ces abominables éléphants destructeurs de récolte, ce sont ces fauves affamés qui pillent et massacrent les animaux d’élevage et qui osent également s’attaquer à l’emblème de la terre, l’être humain !
Bien sûr qu’il faut trouver des solutions à l’expansion de l’homme, à sa présence de plus en plus marquée auprès des quelques sanctuaires que l’homme a daigné établir pour protéger les quelques individus qui existent encore. Mais devant l’appétit vorace des multinationales, des compagnies d’agro-alimentaire qui ont besoin encore plus de champs à cultiver, de l’industrie minière avide de plus de territoires à détruire et exploiter, que représentent ces aires protégées où essaient de s’épanouir les derniers représentants des espèces animales sauvages ?
En armant la population, ces charognards mercantiles trouvent un excellent moyen de supprimer la faune sans se mouiller.
La Tanzanie marche sur la tête …