Le CCF (Cheetah Conservation Fund), la fondation namibienne qui s’occupe de la protection du guépard, a demandé à la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages) de reclasser le guépard comme espèce en voie de disparition en raison de la chute des effectifs.
Une étude fouillée sur l’avenir du guépard
Le Directeur du CCF, Laurie Marker, a déclaré dans un communiqué que si cette démarche n’était pas entreprise, la disparition de ce formidable félin serait quasiment certaine d’ici quelques années.
La déclaration a été lancée après la publication d’une étude internationale intitulée « Le déclin global du guépard et son impact sur la conservation », qu’elle a co-écrit avec d’autres spécialistes. En savoir +
Selon la déclaration du CCF, les conclusions du rapport sont un cri d’avertissement à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour reclassifier les espèces de la catégorie VU (Vulnérable) à EN (en Danger).
L’étude met en évidence la chute drastique de la population de guépards ; il y a environ 7 100 guépards sauvages dispersés à travers toute l’Afrique, avec plus de 50% de cette population qui se trouve en Afrique australe.
Il est à noter qu’une sous-espèce asiatique, vraisemblablement présente encore en Iran, compterait environ une cinquantaine d’individus.Le rapport estime que le nombre de guépards a diminué d’environ 90% au cours du siècle dernier.
De son propre chef, le CCF a joué un rôle déterminant dans l’arrêt de la chute de l’extinction du guépard sauvage en Namibie, aidant la population à se relever d’environ 1 500 adultes en 1990 à environ 2 500 aujourd’hui.
Selon le rapport, les principales raisons de ce déclin dramatique sont :
la perte de plus en plus marquée de l’habitat du guépard, une concurrence exacerbée avec les autres prédateurs que sont les lions et les hyènes, les clôtures à grande échelle installées dans la plupart des parcs d’Afrique australe, les tensions homme/animal existant entre le guépard et les fermiers, l’instabilité politique de certains pays et les systèmes d’aires protégées insuffisants pour assurer la survie de l’espèce à long terme, la plupart des guépards vivant à l’extérieur de ces aires protégées.
Des raisons de s’inquiéter pour les guépards
Pour abonder dans le sens de la déclaration de Laurie Marker, nous pourrions ajouter deux éléments essentiels à son discours :
1. Il existe une sous-espèce de guépard africain qui est présente dans le nord de l’Afrique, l’acinonyx jubatus hecki. Moins de 250 individus sont recensés depuis quelques années et il n’est pas certain que ce nombre soit aussi élevé qu’on ne le dit. Au sens de la liste rouge de l’UICN sur les espèces en danger, cette sous-espèce de guépard est classée CR (en Danger Critique) par l’organisation mondiale. Des populations sont présentes :
- en Algérie mais à cause de l’insécurité au sud du pays, les scientifiques éprouvent des difficultés à compter réellement cette population,
- entre le Tchad et la Centrafrique, mais à cause de la récente guerre civile, les derniers chiffres avancés ne sont plus certains,
- au parc W et dans la Pendjari en Afrique de l’ouest mais là encore on manque de données fiables, même si une étude, dans la cadre de notre Brigade Félins, a été lancée.
2. Bien que le guépard soit placé en annexe 1 de la CITES, rappelons toutefois que la Convention autorise malgré tout l’exportation légale de 150 guépards de Namibie et 50 du Zimbabwé, ce qui peut paraître complètement incohérent eu égard au nombre d’individus présents sur le sol africain. En effet, cela permet à des organisations de chasse d’autoriser l’export de dépouilles ; et on sait très bien, qu’au Zimbabwé en particulier, la corruption des pouvoirs publics aidant, avec un seul document officiel d’exportation de nombreux guépards peuvent être acheminés.
La démarche des scientifiques est fondée dans la mesure où, même si l’espèce est en augmentation en Namibie, elle est en voie d’extinction dans la plupart des régions d’Afrique et le nombre de 7 000 avancé aujourd’hui peut se réduire avec une tendance avérée d’ici quelques années.