Au mois de mai, de nombreuses associations et ONG internationales célébraient une grande victoire obtenue en Afrique du Sud. En effet, par la voix de la ministre sud-africaine Barbara Creecy, la validation de l’interdiction des élevages de lions était confirmée. En interdisant l’élevage des lionceaux, la ministre visait également la chasse en boite et les fermes à caresses.
Tout le monde criait victoire ; seule Wildlife Angel semblait sur la réserve, non pas sur l’intérêt d’une telle mesure mais plutôt sur sa faisabilité.
Voici un extrait du post datant de début mai :
« C’est bien de crier victoire, mes amis. Mais encore faut-il être préparés à la victoire !
Nous devons urgemment préparer les conditions de gestion de ces milliers de lions. Car se battre depuis des années pour enfin obtenir l’interdiction de leur élevage et être contraint de les euthanasier serait la plus grande erreur des organisations de protection de la faune ! »
Quelle est la situation aujourd’hui, c’est-à-dire cinq mois jour pour jour après ces déclarations fracassantes ?
Devant l’impérieuse nécessité de trouver des solutions pour tous ces animaux qui allaient se retrouver en fâcheuse position, nos contacts en Afrique du Sud nous ont suggéré de ne surtout pas s’affoler …
Le gouvernement a beaucoup réfléchi depuis. Toutes ces fermes, qui vont cesser leur activité, ne voient pas comment le gouvernement pourra les aider à substituer cette activité lucrative.
– Qu’adviendra-t-il de tous ces emplois générés par les fermes ? Que vont devenir tous ces salariés ?
– Et les lions, on va en faire quoi des lions ? Les envoyer dans des sanctuaires ? Lesquels ?
– Qui va couvrir des frais de transfert conséquents ?
Rappelons que nous parlons malgré tout d’une population de 8 000 à 10 000 lions captifs. Le risque de leur euthanasie, par des fermiers désespérés et décidés à se venger des décisions étatiques, n’est pas négligeable. D’autant qu’ils pourraient alors vendre la viande et exporter les os tant prisés sur le marché du Sud-est Asiatique.
Ce qu’il faut retenir de cette histoire est que les effets d’annonce choc peuvent être contre productifs s’ils ne sont pas précédés d’une réflexion systémique sur les différents univers liés directement ou indirectement au thème principal. Il est déterminant de s’attaquer à cette industrie mortifère qui a transformé le côté sauvage de l’animal en un produit marketé pour satisfaire l’appétit de nos sociétés sans racine :
– Le lionceau de deux mois n’est qu’une peluche que l’on caresse ;
– Le lionceau de six mois, un « vulgaire gros chien » que l’on accompagne lors d’une promenade dans le bush ;
– Le lion mature de deux ans, un beau trophée potentiel pour un chasseur en mal d’aventure extrême, désireux de tirer une proie dans un enclos pas plus grand qu’un terrain de football ;
– Les adultes qui n’auront pas trouvé le chasseur intéressé finiront en bouts de steak dans certaines assiettes ou sous la forme d’un précieux vin de tigre (des tigres, il n’y en a quasiment plus, donc les producteurs se rabattent sur des lions !) sur les étals d’un marché humide d’une grouillante ville chinoise.
On est tous bien d’accord pour que cesse cette activité abjecte et révoltante ! Mais il est nécessaire de se donner les moyens de réfléchir sur les conséquences d’une telle décision et le dispositif d’accompagnement indispensable. Si tel n’est pas le cas, l’élevage du lion en Afrique du Sud pourrait encore avoir de belles années devant lui …