Encore deux histoires très récentes dont l’action se déroule sur le continent africain et qui traduisent parfaitement la dure réalité du conflit homme / animal.
Confrontés à l’explosion démographique du continent et au rétrécissement de leur espace vital, les animaux sauvages sont de plus en plus perturbés et leur comportement devient imprévisible.
Quelle que soit la région d’Afrique que l’on évoque, j’entends tous les jours des villageois se plaindre du comportement des éléphants, qui sortent des sanctuaires qui leur ont été généreusement accordés par les hommes, pour se permettre d’aller boire l’eau de leur bétail ou leur voler des céréales que ces mêmes villageois ont peiné à faire pousser et ramasser.
Dans les deux histoires qui nous intéressent aujourd’hui, nous ne parlerons pas d’éléphants mais plutôt de lions. Il s’agit d’événements qui viennent de se dérouler il y a seulement quelques jours !
Mohawk, 13 ans, abattu !
Au Kenya tout d’abord, dans la banlieue de Nairobi, un homme de 63 ans a été attaqué par un lion à un arrêt de bus. Lorsqu’il s’est mis à courir, effrayé par la présence du prédateur, ce dernier lui a logiquement sauté dessus, sans le mordre, mais en lui plantant sévèrement ses griffes dans l’épaule. Le pauvre homme a été transmis aux urgences dans un état grave mais il a heureusement pu sortir quelques jours après. Le Kenya Wildlife Service a aussitôt pris la décision d’intercepter le lion. Mohawk a en effet semé la panique partout où il passait, et a blessé un motocycliste un peu trop curieux. L’action s’est déroulée dans la zone d’Isinya, un township pas très loin de Nairobi. Les équipes du KWS n’ayant pas à leur disposition de tranquillisant, ils ont pris la décision d’abattre l’animal. Le lion a été poursuivi dans tout le district de Kajiado, par les rangers du KWS, mais aussi par une foule d’individus à pied, à motos, en voitures, qui ont stressé l’animal. L’extrait de film ci-dessous relate les conditions de la mort de ce pauvre lion.
Des ONG kenyanes mais aussi internationales ont durement réagi après la mort de Mohawk, lion adulte de 13 ans. Elles ont expliqué que le lion était sorti de son corridor de déplacement car il était en train de mettre en place son nouveau territoire. Certains scientifiques l’avaient vu participer à des combats territoriaux quelques jours auparavant. Une pétition circule à l’heure actuelle sur les réseaux sociaux afin de dénoncer le comportement du Kenya Wildlife Service.
Sylvester, 4 ans, sauvé in-extremis par une pétition mondiale
Descendons un peu plus et rendons-nous à présent en Afrique du sud. Dans le parc national du Karoo, un lion âgé de quatre ans, Sylvester, a la désagréable habitude de sortir du parc national où il est cantonné. Le lion, muni heureusement d’un collier émetteur, a profité d’une légère brèche dans la clôture ouest du parc pour l’agrandir et filer. Toute la population est en émoi et les autorités de Sanparks, l’organisation qui gère tous les parcs nationaux d’Afrique du sud, ont envoyé une équipe pour le repérer. Devant l’urgence de la situation, un hélicoptère a même été dépêché sur place pour aider les troupes au sol dans leurs recherches. Alors qu’il continue sa progression de plusieurs dizaines de kilomètres, il est reconnu que le lion a tué une vache dans une ferme. Les autorités commencent alors à craindre pour la population locale et veulent absolument éviter un massacre de masse. Peut-être ont elles lu l’histoire des deux lions mangeurs d’hommes du Tsavo qui ont massacré plus de cents personnes à la fin du XIXème siècle lors de la construction d’un pont! Toujours est-il que les autorités ont pris la décision d’euthanasier Sylvester car c’est un lion intelligent et qui reprendra la fuite si on le récupère à nouveau.
Non seulement des rangers d’expérience du parc décident spontanément de se désolidariser de ce choix, mais de plus, grâce à des ONG vigilantes et impliquées dans la protection de la faune sauvage, une grande campagne de communication est lancée non seulement en Afrique du sud mais dans le monde entier. Une pétition circule aussitôt sur Facebook pour critiquer la décision d’euthanasie. Devant la vindicte populaire, les responsables de Sanparks reculent et proposent d’endormir le lion pour le récupérer. De plus, un parc privé offre d’accueillir le lion chez eux pour éviter que la même mésaventure ne se reproduise dans le Karoo National Park.
Après plusieurs jours de poursuite difficile, car le lion s’est réfugié dans un territoire difficile d’accès, l’équipe a réussi à l’endormir avec une seringue hypodermique. Sylvester est donc sauvé mais les autorités de Sanparks n’ont pas à ce jour décidé de l’avenir du lion.
Quel avenir pour la faune sauvage ?
La question est fondamentale. Nous ne parlons pas de braconnage dans ce cas. A aucun moment, nous n’évoquons l’abattage d’éléphant pour l’ivoire ou de lion pour la peau et les os. Il s’agit d’une menace bien plus pernicieuse que le braconnage que nous dénonçons et que nous combattons.
Aujourd’hui, nous sommes complètement légitimes de protéger les animaux sauvages de la cupidité humaine. Le braconnage est illégal et ne sert qu’à alimenter les caisses de plus en plus pleines de ces syndicats du crime internationaux ou des ces organisations terroristes, des comptes offshore de certains hommes politiques africains.
Demain, lorsqu’il s’agira de protéger les animaux sauvages des hommes qui souffrent de la misère et du manque d’accès à l’eau, qui vont se retrouver en concurrence vitale avec le règne animal qui aura de moins en moins d’espace de liberté, comment lutterons-nous efficacement contre ces villageois ?
Nous sommes à l’aube d’un conflit planétaire entre l’homme et l’animal sauvage, un être humain à la croissance démographique exponentielle et un animal sur le chemin de la disparition.