C’est à la fin du mois de novembre qu’une équipe d’opérationnels de Wildlife Angel s’est rendue au Niger, plus précisément au parc W. Suite à un audit réalisé sur le parc dans ses composantes béninoises et nigériennes, au cours du mois de mars, des propositions ont été faites par nos consultants au conservateur du parc côté Niger. Ce dernier, conscient des enjeux importants que revêt la lutte anti-braconnage sur cette zone, s’est impliqué dans la démarche et a voulu développer un partenariat pour aider les gardes-forestiers du parc.
Situation du parc W
Le parc W est un parc national, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, d’une superficie d’1 million d’hectares. C’est une aire protégée transfrontalière, c’est-à-dire que trois pays la composent : le Burkina Faso, le Bénin et le Niger.
Cette zone est considérée comme le dernier sanctuaire de la faune sauvage de l’Afrique de l’ouest. Mais elle subit régulièrement les assauts des braconniers locaux vivant dans les villages alentour, mais surtout des gangs de Nigérians qui viennent piller les ressources fauniques pendant la saison sèche (de janvier à avril). Les gardes-forestiers en charge de la protection de la faune ont toutes les peines du monde à lutter contre ces gangs, déterminés et armés, qui n’hésitent pas à tirer sur les représentants de la loi. Ces criminels massacrent tous les animaux qu’ils trouvent sur leur chemin, de l’écureuil à l’éléphant. Ils recherchent l’ivoire, les peaux de félins et la viande de brousse. De plus, des groupes terroristes tels que Boko Haram, le MUJAO ou la cellule d’Al Sahraoui qui a prêté allégeance à Daech, gravitent autour du parc ; ce qui explique entre autre pourquoi le parc W est en zone rouge depuis maintenant un an.
La formation dispensée
Le 1er décembre, les autorités du parc et l’ONG locale ACTAG ont créé une unité anti-braconnage appelée Brigade Félins. Forte de dix membres, ce groupe a en charge la protection de la faune sauvage sur une zone particulièrement sensible du parc, appuyée par une autre unité du nom de Brigade W composée de dix membres également.
Les deux brigades ont bénéficié d’un entrainement intensif et ont été formées à des outils et procédures leur permettant de faire face aux nouvelles menaces susceptibles de sévir sur l’ensemble du parc. Toutes les méthodes leur permettant de se protéger et de protéger la faune du parc ont été abordées et appliquées scrupuleusement tous les jours. L’implication des agents forestiers a été très appréciée par les formateurs et les stagiaires se sont investis du matin au soir, quelque soit la difficulté des situations proposées.
La mission des brigades de protection
La brigade Félins s’est vue assigner un double objectif :
- assurer la protection des espèces sauvages en danger du parc côté nigérien et dans une zone bien identifiée,
- assurer le suivi écologique des populations de félins (lion, léopard, guépard, caracal et serval) afin de dénombrer leur population et d’étudier leur comportement
La nouvelle organisation prévoit de mettre en place des patrouilles aléatoires dans certaines parties du parc, avec des sorties en demi-brigade (cinq membres) et en brigade complète (dix membres).
La brigade W, quant à elle, est chargée d’aider la brigade félins dans ses deux objectifs et d’une manière plus générale d’assurer la protection des animaux dans l’ensemble du parc côté Niger. D’autres forces anti-braconnage existent également dans le parc qui pourront assister en tant que de besoin les deux brigades les plus opérationnelles.
Le futur de la lutte anti-braconnage dans le parc W
Suite au travail réalisé au terme de cette action de formation, les autorités du parc ont été très satisfaites des résultats. Le responsable de l’ONG ACTAG et le conservateur du parc côté Niger veulent une action pérenne de cette formation. C’est la raison pour laquelle ils nous ont proposé un partenariat pour suivre la brigade Félins (et W d’ailleurs) et continuer à dispenser des formations de niveau supérieur. L’apport de compétences leur paraît indispensable et ils aimeraient que cette formation puisse se déployer à l’ensemble du personnel du parc W.
Les deux autres composantes du parc, le Burkina et le Bénin, ont été tenues au courant de notre démarche et des résultats obtenus. Un prochain voyage doit être organisé de manière à rencontrer les conservateurs de deux autres pays et leur présenter les bénéfices à rendre cette formation commune à tous les agents forestiers de ce parc transfrontalier.