National Geographic a publié récemment une longue enquête sur l’exploration pétrolière imminente à proximité du delta de l’Okavango, une immense zone humide abritant éléphants, lions, léopards, lycaons, et de très nombreuses autres espèces (oiseaux, poissons, etc.). Les écosystèmes parmi les plus riches et diversifiés du monde se trouvent dans la région.
La firme pétrolière canadienne ReconAfrica ambitionne de forer des « centaines de puits » dans deux zones situées en Namibie et au Botswana et d’une surface totale de près de 22 000 km². C’est peut-être le « plus grand champ pétrolifère de la décennie ». La zone d’exploration de ReconAfrica chevauche pas moins de six réserves naturelles ainsi que le site archéologique de Tsodilo Hills – sacré pour la communauté San – classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et pourrait menacer le delta de l’Okavango, lui aussi classé. La meilleure de l’histoire ? La zone d’exploration se situe à l’intérieur de la plus grande aire de conservation du continent, la Kavango-Zambezi Transfrontier Conservation Area ou KAZA. Cette zone est un refuge pour près de 250 000 éléphants, soit plus de la moitié de la population restante en Afrique.
La pollution résultant de l’extraction d’or noir est loin d’être la seule calamité accompagnant les activités de l’industrie pétrolière. Les infrastructures nécessaires pour acheminer tout le matériel, les routes et les logements pour les ouvriers vont fragmenter cette région presque intacte. L’arrivée d’argent, d’alcool et les déchets laissés par les ouvriers de l’industrie pourraient considérablement affecter le mode de vie des communautés San des environs. La construction de routes combinée à une arrivée en masse d’ouvriers s’accompagnent systématiquement d’une explosion du braconnage pour la viande de brousse. Les exemples ne manquent pas ailleurs en Afrique. Même après le départ des firmes pétrolières et des ouvriers, le braconnage persiste, précise la journaliste de National Geographic.
Alors que la Namibie et le Botswana disposent encore, grâce au travail acharné de nombreux acteurs de la conservation sur le terrain, d’un patrimoine faunique exceptionnel, alors que des rangers combattent au quotidien sur le terrain et sacrifient leur vie pour cette noble cause, on peine à comprendre une telle décision. D’autant plus que l’exploration pétrolière pourrait se faire via la fracturation hydraulique, une technique polluant les nappes phréatiques et menaçant l’approvisionnement en eau de plusieurs centaines de milliers de personnes vivant dans la région…