Il n’y a pas si longtemps, lors d’une conférence en Afrique, j’insistais sur l’importance de former les Rangers des unités anti-braconnage aux premiers gestes déterminants pour protéger la zone dans laquelle un animal était retrouvé mort, victime de braconniers.
Le lieu, où l’on retrouve une dépouille d’éléphant ou de rhinocéros braconné, doit être « sacré » et considéré comme une véritable scène de crime, à l’instar de ce que pratiquent les polices du monde entier, lorsqu’il s’agit du meurtre d’un être humain.
En effet, la plupart des échecs que les autorités africaines ont vécus lors de procès de braconniers trouvent leur explication dans le non respect de certaines procédures lors de la fouille de scènes de crime, et surtout par l’absence de procédés fiables pour recueillir les indices dont les procureurs ont besoin pour prouver la culpabilité des prévenus.
Depuis que nous avons mis en place les formations à l’anti-braconnage des Rangers africains, nous insistons sur le fait qu’un module sur la « Préservation de scène de crime » doit absolument figurer au programme.
Cette matière fait pour nous partie intégrante de la formation et de nombreuses simulations intègrent ce travail.
Les Rangers, qui sont les premiers répondants sur le site, doivent d’une part connaître et savoir comme appliquer ce que l’on appelle la SOP (Standard Operating Procedure) relative à la préservation de la scène de crime, et d’autre part être équipés avec le Kit de base qui va leur être utile afin de délimiter la scène, de la fouiller, de rechercher les balles dans le corps de l’animal et de recueillir les précieux indices qui vont permettre de confondre les braconniers lors du procès.
La protection de la zone est essentielle car, dans la brousse, dès lors qu’un animal de grande taille est mort, les villageois qui vivent non loin du lieu du massacre viennent naturellement pour s’approvisionner en viande fraîche. Ce qui entraîne logiquement une scène piétinée dans tous les sens et une disparition évidente de toutes les preuves initiales avec rajout éventuels d’indices qui n’ont rien à voir avec le crime.
C’est la raison pour laquelle les Rangers doivent agir rapidement et procéder eux-mêmes à certaines investigations car la police et les personnes spécialisées dans ce domaine risquent de mettre parfois de 2 à 3 jours pour se rendre sur les lieux.