Pendant six semaines nous avons mis à l’honneur six races de chiens qui s’illustrent de manière admirable dans les opérations anti-braconnage. J’aimerais à présent souligner le travail accompli par une race de chien peu connue mais d’une efficacité redoutable dans la conservation des animaux sauvages :
le berger d’Anatolie appelé aussi Kangal.
La Namibie a depuis de nombreuses années de gros problèmes avec les guépards et les léopards. Dans la même logique que le conflit opposant les lions aux éleveurs Masaïs, les fermiers namibiens voient d’un très mauvais oeil les attaques répétées de leur troupeau de moutons et de chèvres par les guépards.
Le Cheetah Conservation Fund, basée à Otjowarongo en Namibie, est une ONG qui oeuvre pour la protection des guépards et tente de résoudre le conflit fermiers/guépards.
Jusqu’à présent, la présidente du CCF, Laurie Marker, sensibilisait les jeunes dans les écoles et les fermiers lors de réunions, en les invitant à ne plus tuer les fauves, mais en les capturant et en les lui remettant. Depuis quelques années, elle a trouvé une alternative intéressante qui consiste à élever des chiens, des bergers d’Anatolie, et de les proposer aux fermiers namibiens pour protéger leurs troupeaux. Devant les résultats obtenus, cette expérience a été étendue en Afrique du sud. Aujourd’hui, plus d’une dizaine de fermes de la région nord du Limpopo sont équipées de bergers d’Anatolie.
C’est le chien idéal pour le travail demandé !
Le berger d’Anatolie a été élevé pour protéger le bétail contre les ours et les loups. Son histoire a plus de 6000 ans. Il est originaire de la région du Plateau anatolien aride de la Turquie, une région qui reçoit peu de pluie, avec une chaleur extrême en été et un froid rigoureux en hiver, tout comme certaines parties de l’Afrique australe.
Après des siècles de sélection naturelle effectuée par les bergers turcs et favorisée par l’isolement de l’Anatolie, la protection est un atavisme encré et gravé dans le patrimoine génétique de la race ; il n’y a rien à lui apprendre tant son instinct de protection est inné. Pour cette raison, le berger d’Anatolie est avant tout un chien d’utilité destiné à la protection de troupeaux d’animaux et en particulier de moutons.
Le berger d’Anatolie possède un poil mi-long et rude, de couleur claire, qui permet un refroidissement efficace du corps tout en maintenant un facteur d’isolation. Ce chien est physiquement imposant; les mâles ont normalement plus de 60 cm au garrot et ils pèsent 70-75 kg. C’est un chien extrêmement rapide malgré sa corpulence. Il peut atteindre une vitesse de pointe de 75 km/h et rester plusieurs jours avec peu de nourriture et un minimum d’eau si nécessaire.
La capacité étonnante des bergers d’Anatolie pour protéger le bétail provient non seulement de leurs attributs (taille, force, bonnes acuités visuelle et auditive, excellent sens de l’odorat), mais aussi de leur dévouement total. Les chiots sont élevés avec le troupeau dès l’âge de 6-8 semaines, et le lien est instinctivement construit avec les moutons ou les chèvres qu’ils gardent. Ils sont calmes, sûrs d’eux, très équilibrés. Ils sont capables de rester en permanence avec le troupeau.
Le berger d’Anatolie est un chien rustique vivant bien souvent plus longtemps que les autres très grandes races. Son espérance de vie se situe entre 11 et 13 ans.
Même s’il est calme, il peut devenir très agressif face à tous les intrus ou les menaces au troupeau. Ce chien n’est pas dépendant d’un maître pour l’affection ou le commandement. Il est capable de prendre des décisions par lui-même. Il possèdent les trois principaux traits de caractère qu doit posséder tout chien efficace en gardiennage, à savoir : la fiabilité, l’écoute et le sens inné de la protection.
Les retours d’informations obtenus des fermes namibiennes et sud-africaines soulignent les résultats très probants des bergers dans leur travail de protection des troupeaux. Les guépards sont rapidement repérés et chassés, mais la grande force de ce chien est qu’il effraie, attaque, mais ne se fait pas berner. Il ne se laisse pas entraîner à la poursuite des prédateurs comme pourraient le faire certains chiens. Il reste en permanence au contact du troupeau.
Le seul problème de taille auquel il peut être confronté, c’est la rencontre avec un léopard. Certains bergers d’Anatolie y ont laissé malheureusement leur vie. Mais cette situation est assez rare et les résultats sont particulièrement bons dans la dissuasion des guépards.