Lors d’une déclaration solennelle et empreinte de gravité, la Ministre de l’environnement du Zimbabwe, Oppah Muchinguri-Kashiri, a reconnu officiellement que le gouvernement était en train de perdre la guerre qu’il livre depuis quelques années contre les braconniers.
« Les rangers, faibles en nombre et mal équipés, se font dépasser par l’agilité des braconniers qui utilisent un armement sophistiqué. »
Malgré certaines mesures prises par le gouvernement zimbabwéen pour limiter les impacts du fléau, les résultats ne sont pas au rendez-vous.
La situation est telle que la ministre a été obligée de lancer un vibrant appel à l’aide :
« J’en appelle au secteur privé, aux ONG ainsi qu’à la communauté internationale pour nous aider sous forme de fonds et d’équipement afin de combattre une menace caractérisée. Les unités anti-braconnage ont besoin de drones et d’avions pour améliorer notre capacité de détection, et les fonds seront utilisés entre autres pour cela.
L’année passée, nous avons constitué une task-force pour mobiliser des fonds et lutter contre les braconniers. Cela a permis de fournir aux rangers des Land Rover, du matériel pour les rendre plus efficaces. Mais les actes de braconnage ont continué et se sont même amplifiés.»
Les braconniers sont, selon elle, très bien organisés autour de syndicats du crime liés à des gangs étrangers travaillant en collaboration étroite avec des locaux.
Le discours de la ministre arrive au moment où une quinzaine d’éléphants viennent d’être abattus, de même que des antilopes et des vautours, espèces protégées.
Les rangers ne sont déjà pas nombreux, et en plus il arrive que certains aident les braconniers. Cinq gardes ont été arrêtés la semaine dernière par les autorités gérant les parcs nationaux pour avoir aidé à empoisonner onze éléphants avec du cyanure.
Les braconniers utilisent aujourd’hui des armes avec des munitions de grande puissance et des produits chimiques pour réaliser leurs forfaits. Dans le parc national de Hwange, dans le nord-ouest du pays, comme près du lac Kariba situé dans le nord, les meurtres par empoisonnement sont légion. En voulant empoisonner les rhinocéros et les éléphants, les braconniers détruisent une grande partie d’une faune qu’ils ne ciblent pas : certains prédateurs mais également les charognards (hyènes, chacals, vautours, …) meurent car ils consomment de la viande contaminée par le poison.
Intéressons-nous à présent au poison utilisé. Il s’agit, selon les scientifiques qui ont conduit des études post mortem sur les dépouilles des animaux, de cyanure. Or, compte tenu des quantités qui ont été utilisées en différents points du pays, il ressort que des braconniers locaux sont incapables de s’approvisionner en cyanure. La vente de ce produit chimique est règlementée et il est très difficile de s’en procurer, sauf si l’on s’en sert pour des applications professionnelles. L’industrie de l’extraction minière de l’or et de l’argent est une des seules susceptibles de se servir de cyanure, en grande quantité qui plus est. Et dans les différentes mines zimbabwéennes utilisant ce produit, aucun vol n’a été déclaré aux autorités.
La ministre a promis de faire toute la lumière sur l’origine de ces empoisonnements et demeure malgré tout pessimiste quant à l’avenir des rhinocéros et des éléphants du Zimbabwe.