Dans le cadre de sa politique de lutte contre la criminalité sur les espèces sauvages, la Commission Européenne est en train de plancher sur un projet d’interdiction d’entrée sur le territoire européen des trophées de chasse en provenance des pays africains, même ceux qui ont été acquis en respectant les lois applicables dans les différents pays concernés.
Les réactions en Afrique australe ne se sont pas faites attendre …
La Namibie dénonce
« Une interdiction des produits de chasse au trophée par l’Union Européenne ne se traduira pas simplement par une augmentation de la criminalité envers la faune, elle aura également une incidence sur l’accélération de la pauvreté. »
Telle est l’opinion des membres de l’Association Communautaire de Conservation de la Région Kunene (KRCCA) dans le nord-ouest de la Namibie.
Le Parlement européen, le 24 Février 2016, a eu une réflexion sur la chasse aux trophées, qui a conclu que l’Europe doit être un acteur-clé dans la lutte contre la criminalité de la faune à l’échelle mondiale.
La KRCCA a organisé une manifestation pacifique à Opuwo il y a quelques jours, au cours de laquelle une pétition a été remise auprès du Conseiller de la circonscription. L’objectif est de l’acheminer le plus rapidement possible aux services compétents du Parlement européen, et d’appeler à un réexamen de l’interdiction des produits de la chasse aux trophées en Europe.
« Nos moyens de subsistance seront fortement diminués par une telle interdiction, et nous ne pouvons pas rester les bras croisés» a déclaré le président du KRCCA.
Selon lui, les Conservatoires communaux ont réussi à empêcher le braconnage des éléphants et des rhinocéros noirs dans la région, tout cela grâce à des fonds générés par la chasse aux trophées qui ont permis de payer les gardes-chasse.
La KRCCA fait également valoir que certaines parties de la région de Kunene sont très arides voire austères, en fait qu’elles sont peu attrayantes pour les touristes ; et le développement communautaire assure l’essentiel de sa survie par la chasse aux trophées.
L’association exhorte les représentants de l’UE à se rendre sur place pour comprendre comment les actions de conservation ont contribué à l’augmentation de la faune, ainsi que la façon dont les revenus générés par la chasse aux trophées a changé la vie des communautés.
Le KRCCA représente 29 Conservatoires communaux dans la région de Kunene.
Le Zimbabwe s’insurge
Dans le même temps, à quelques centaines de kilomètres, le Gouvernement zimbabwéen dénonce une véritable machination ourdie par les Etats-Unis et l’Europe contre le pays.
« Il n’est un secret pour personne que les yeux du monde sont sur le Zimbabwe, scrutant implacablement chaque pas que nous faisons, dans le but de signaler nos mauvaises actions dans la gestion de notre faune», s’exclame la Ministre de l’environnement qui souligne une attaque directe des pays occidentaux sur l’industrie de la chasse dans son pays.
« La chasse et l’élevage des animaux sauvages ne bénéficient pas uniquement aux sociétés commerciales qui en vivent, ils profitent également à un grand nombre de communautés composées de citoyens en grande difficulté économique qui vivent dans les environnements où évolue cette faune.
Cette situation conduit donc à nous assurer que nos actions et nos activités ne compromettent pas la survie de cette industrie au potentiel économique intéressant. Car tout impact négatif, comme celui d’interdire l’importation des trophées des animaux de chasse de notre pays, engendrerait une perte sèche de bénéfices à ces communautés villageoises et leur lancerait le message clair que cette ressource faunique n’a désormais plus aucune valeur. Si l’on en arrivait à de telles extrémités, cela conduirait alors à un développement des conflits entre les hommes et une augmentation des actes de braconnage. »
En fait, tous ces pays sont victimes de ces nombreux chasseurs (dont des femmes également) qui ont posé avec fierté sur des photos dans des sites internet ou des pages facebook.
Comment expliquer aux députés européens, sous la pression de leurs citoyens las de ces photos de millionnaires posant auprès de leurs dépouilles, de ne pas faire d’amalgame entre le braconnage et la chasse au trophée ?
Comment justifier aujourd’hui l’abattage d’un rhinocéros noir qui va générer des revenus à un pays, alors que d’un autre côté les ONG se battent tous les jours au côté des rangers pour protéger ces animaux ?
Trop de couverture médiatique sous le coup de l’émotion, pas assez d’explication pour amener un peu de raison à tout cela !
D’un côté il y a des citoyens qui se battent pour la défense des animaux sauvages, pour leur bien-être et surtout pour assurer leur pérennité, et de l’autre des communautés villageoises qui bénéficient des sommes versées par les chasseurs de trophée pour vivre, ou survivre.
N’a-t-on pas assez de sagesse en nous, au XXIème siècle, pour comprendre la vision de chacun et trouver des solutions qui satisfassent les deux parties ?