Vusamazulu Credo Mutwa est un des derniers sorciers zoulous. Toute sa vie il s’est efforcé de souligner les erreurs de notre civilisation et l’impact négatif de notre mode de vie sur les écosystèmes.
Il y a très longtemps, il a écrit un poème, éloge à une des créatures les plus belles de l’univers : l’éléphant. C’est cet écrit que nous vous proposons de découvrir dans un texte que nous avons traduit de la version originale en anglais.
Sois en colère, en grande Colère !
Sois en colère contre les nuages et les montagnes !
Sois en colère contre le ciel et les rivières !
Sois en colère contre la mer et les arbres !
Tu es l’Eléphant !
Toi qui annonces en barrissant à tout rompre la naissance du monde
Toi dont le dernier barrissement annoncera la fin de notre monde.
Sois en colère Grand Eléphant
Toi, qui es vénéré par ceux qui te respectent
Toi, dont les défenses creusent des sillons qui montrent à nos grands-mères le chemin
Toi, dont les pieds ont par le passé pulvérisé le sol en poussière
afin que la végétation puisse pousser.
Sois en colère Eléphant, hurle après les fantômes sombres de nos ancêtres
Sois en colère Eléphant et hurle après nos contemporains qui ne font rien pour te protéger des assassins et des voleurs
Sois en colère Eléphant, hurle après la terre qui ne s’occupe pas des êtres vivants
Sois en colère Eléphant, hurle après les étoiles elles-mêmes et demande leur justice.
Tu es le Seigneur des arbres
Tu es le Maître des vallées
Tu es le grand fermier qui change la terre sur laquelle il vit.
Dans ta colère tu peux creuser le sol et provoquer la chute des grands Marulas
Dans ta colère tu peux percer le puissant Baobab avec une de tes défenses.
Sois en paix Grand Eléphant
Lumière des Vallées
Messager de l’Aube
Roi de la Création
Toi dont l’esprit s’illumine des âmes des dieux assassinés
Eléphant, indlovu !
Eléphant, bayede !
Eléphant, shwele !
Shwele, pardonne aux hommes qui te tuent sans savoir qui ils tuent, qui détruisent ton peuple, sans savoir qui ils détruisent, qui bafouent ton espèce sans savoir ce qu’ils disent.
Indlovu, Eléphant, Chevalier de notre Terre-mère !
Toi qui as été, selon la légende, chevauché par la Grande Déesse
Quand elle s’est échappée des cachots d’Outre-tombe.
Eléphant, s’il n’en tenait qu’à moi, tu dominerais les plaines d’Afrique pour l’éternité.
Eléphant, s’il n’en tenait qu’à moi, aucune arme ne serait jamais levée contre toi.
en langue zoulou, indlovu = éléphant
bayede = Majesté
shwele = pardon, Miséricorde