Le gouvernement du Malawi s’est enfin décidé à reconnaître officiellement que le braconnage des éléphants a atteint des niveaux sans précédent dans les parcs nationaux du pays ainsi que les réserves de chasse, engendrant une forte diminution de la population touristique dans ces sites.
En fait, quand on choisit le Malawi comme destination touristique, c’est pour les plages occidentales du lac, mais surtout pour ses parcs nationaux et réserves animalières.
Ce pays peu connu possède en fait une très grande richesse faunique. Sa situation privilégiée, le long du lac éponyme, lui permet de posséder de très nombreux mammifères et aussi une variété d’oiseaux et d’animaux aquatiques extraordinaires.
Les 3 parcs nationaux les plus connus sont Kasungu à l’est du pays, Nyika le plus grand est situé à l’extrême nord et Liwonde est quant à lui en bordure sud du lac. Le Malawi a toujours été réputé pour son nombre d’éléphants. Or, la situation est en train de changer, et ce dramatiquement.
Le Directeur de la Faune et des Parcs a déclaré ce lundi à Blantyre au cours de l’ouverture d’une table ronde pour sensibiliser l’Autorité financière et fiscale du Malawi sur les modalités de lutte contre le braconnage et le trafic des produits issus de la faune :
« Par exemple, dans le parc national de Kasungu, nous avions il y a quelques années plus de 2000 éléphants. Aujourd’hui, on en dénombre moins d’une quarantaine. Presque tous les éléphants sont anéantis par les braconniers. »
Il a rajouté que les concessionnaires de la Nkhotakota Game Reserve ont pour objectif d’augmenter la population d’éléphants de 400 à l’heure actuelle vers une cible de 1500, afin d’atteindre les niveaux historiques d’il y a quelques années.
Le Liwonde National Park, quant à lui, possède une très grande population d’éléphants, et leur nombre est tel qu’il en devient ingérable pour les autorités du parc. Ainsi est-il prévu de réinstaller une partie de ces éléphants dans la Nkhotakota Game Reserve.
Cette réserve, qui est très proche du Kasungu National Park, est régulièrement attaquée par les braconniers. En fait c’est le cas pour tous les parcs et réserves situés au centre et au nord. Le parc de Liwonde au sud du pays, coincé entre les lacs de Malombe et Chilwa, est une aire relativement protégée naturellement, dans laquelle les braconniers sont peu enclins à aller. Il est plus facile pour les braconniers de rejoindre la Zambie ou le Mozambique tout proches.
La Directrice adjointe de l’Autorité financière et fiscale déclare que cela fait partie des attributions de son département de sévir contre l’exportation illégale de produits de la faune.
Elle a déploré que non seulement les éléphants sont chassés et abattus pour leur ivoire, mais que certains poissons et fleurs très précieux continuent d’être exportés illégalement en toute impunité.
Elle insiste sur le fait que leur problématique vient essentiellement de la faiblesse des lois qui prononcent des peines légères contre les exportateurs illicites d’espèces sauvages, et que la plupart des fonctionnaires ne seraient pas en mesure d’identifier les produits de la faune. Elle pointe le cruel manque de compétences des agents chargés, sur le terrain, de reconnaître le trafic des espèces animales.